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Ibrahim Yahaya : "Conservons le patrimoine naturel caché des Comores"

Rédigé par Camille Gilles Modifié le

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  • Ibrahim

Scientifique au Centre national de documentation et de recherches scientifiques (CNDRS) à Moroni aux Comores,  Ibrahim Yahaya, avec Jean Noël Labat et Benoît Fontaine du Museum National d’Histoire Naturelle (MNHN, France), ont mené de 2008 à 2011 des travaux fondateurs sur la biodiversité indigène des Comores.

Quels étaient les objectifs des travaux menés avec l’appui financier de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) ?

L’archipel des Comores est caractérisé par une biodiversité riche et originale avec des taux d’endémisme élevé. Elle connaît par ailleurs une forte dégradation des habitats naturels, les forêts originelles ne représentant plus que quelques fragments isolés, principalement en altitude. L’objectif de nos recherches était de savoir réellement ce qu’il restait de la biodiversité indigène des Comores. Ainsi de savoir où focaliser les actions de conservation, et où implanter des aires protégées.

Comment avez-vous constitué vos données ?

Des échantillonnages de plantes, mollusques, araignées et orthoptères in situ, complétés par des prises de photos et des notes descriptives, ont été réalisés dans divers sites. Différentes méthodes ont été mises en œuvre : tamisage de litière (mollusques, araignées, myriapodes), fauchage de la végétation basse (araignées, mollusques), recherche à vue, recherche au son (orthoptères).

Environ 400 espèces de plantes,180 espèces de mollusques, une soixantaine d’espèces d’orthoptères et 120 espèces d’araignées ont été collectées.

Les collectes de plantes nous ont permis de compléter l’herbier national actuellement en cours de constitution.

Quelles sont les zones que vous avez prospectées ?

Outre des sites patrimoniaux (massif du Karthala, Massif de la Grille,Lac Salé à Ngazidja, forêt sèche d’Itsamia, Vallée de l’Améré  et crête du chalet St Antoine à Mwali, Massifdu Ntringui), ce sont des zones à priori non remarquables qui ont été prospectées, en particulier à basse altitude et dans des zones dégradées, afin de réaliser un état des lieux le plus complet possible.

Quels résultats avez-vous pu tirer de cette étude ?

Au total, nous avons découvert une cinquantaine d’espèces nouvelles pour la science : une dizaine d’espèces de plantes et une trentaine d’espèces de mollusques. Nous avons constaté que la faune a malgré tout bien résisté à l’homme et qu’elle est encore assez riche pour les mollusques qui sont pourtant  le groupe comportant le plus d’espèces éteintes à l’échelle mondiale.

L’analyse des collectes a montré des résultats contrastés sur la conservation des différents taxons aux Comores. Pour les plantes, les zones de basse altitude sont extrêmement pauvres et n’abritent plus qu’une flore banale, composée d’espèces ubiquistes.

Nous avons pu fixer des zones prioritaires pour la conservation : le massif de la Grille en Grande Comores, la forêt de Moya à Anjouan et la forêt d’Itsamia à Mohéli.

Ces résultats viendront appuyer le réseau d’aires protégées des Comores en cours de mise en place.

Tout l'enjeu maintenant, réside dans la capitalisation des résultats par nos institutions et nos enseignants-chercheurs. L'un de grands défis sera d'intégrer ces résultats dans les politiques et dans les stratégies nationales de conservation, tout en les valorisant dans les programmes de recherche et d’éducation environnementale.

Source : Acte du colloque de restitution des projets financés par la Fondation pour la Recherche sur la biodiversité (FRB). (p.17/18)

Pour en savoir plus sur ce projet, contacter Ibrahim Yahaya : yahayaim@yahoo.fr

ou Benoît Fontaine : fontaine@mnhn.fr

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