Au pôle de protection des plantes (Réunion)
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Création d’un réseau pan-africain de surveillance des maladies du manioc - Communiqué de presse

Rédigé par Séverine Vaslet Modifié le

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Des scientifiques de plusieurs centres de recherche agronomiques africains et internationaux et d’institutions régionales se sont réunis en atelier à Saint-Pierre, la Réunion, du 10 au 13 juin pour apporter leur contribution à la lutte contre les ravageurs et les maladies du manioc qui menacent la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de centaines de millions d'Africains. L’atelier a abouti, parmi d'autres initiatives, à la constitution d'un réseau pan-africain de surveillance des maladies du manioc.

Plus de 40 experts africains et membres d’organisations régionales, mais aussi des experts français du Centre de Recherche Agricole Internationale pour le Développement (Cirad) et de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ont participé à cette rencontre sur l'île française de la Réunion. Cet atelier - une initiative du partenariat mondial pour le manioc pour le 21e siècle (en Anglais ; Global Cassava Partnership for the 21st Century – GCP21) - a été la première étape de mise en œuvre d'une feuille de route pour améliorer la lutte contre les maladies du manioc en Afrique. Cette feuille de route avait été définie lors d’une précédente réunion internationale de spécialistes manioc organisée par le GCP21 au centre de la Fondation Rockefeller à Bellagio, en Italie, en mai 2013. Elle a été récemment publiée dans le journal international Food Security. Parmi les différentes mesures préconisées, il y avait la création d'un réseau pan-africain de surveillance du manioc (en anglais - Pan-African Cassava Surveillance Network - PACSUN).

Le Dr. Hortense Atta Diallo, directrice du pôle de recherche en production végétale à l’Université Nangui Abrogoua à Abidjan, Côte d'Ivoire, est très enthousiaste sur le potentiel de  PACSUN. "J'ai déjà conduit un projet de cartographie des maladies du manioc dans mon pays. Grâce à ce nouveau réseau nous pourrons mutualiser nos activités et trouver ensemble des solutions qui amélioreront les conditions de vie des producteurs de manioc" dit-elle.

Lors de cet atelier, les scientifiques ont pu visiter les laboratoires et les parcelles expérimentales du Cirad au  3P (Pôle de Protection des Plantes) à Saint-Pierre. Ils y ont rencontré des chercheurs qui travaillent sur la santé des plantes en virologie, bactériologie, entomologie, culture de tissus et génomique,compétences nécessaires au diagnostic, à la surveillance et au contrôle des maladies du manioc en Afrique.

"Avec nos partenaires de plus de 10 institutions, nous aurons plus d’expertise, de moyens et donc plus d’efficacité pour nous attaquer au problème des maladies du manioc," a déclaré le Dr. Maruthi Gowda, chercheur à l'institut des ressources naturelles (NRI) au Royaume-Uni. 

Les participants de l'atelier ont défini plusieurs initiatives internationales à mettre en œuvre pour les années à venir:

1-      Création d'un réseau pan-africain de surveillance des maladies du manioc (PACSUN) qui rassemblera des membres de réseaux et organisations existants, des services de vulgarisation, d’ONG et de décideurs en Afrique. PACSUN apportera de l’expertise en matière de diagnostic et des connaissances sur les virus et maladies bactériennes qui attaquent le manioc en Afrique; mutualisera les données via un site web ; développera des applications de diagnostic simple au champs sur téléphone mobile au bénéfice des producteurs africains et proposera des mesures adaptées à chaque pays pour contrôler la propagation pandémique des maladies telle que la striure brune du manioc.

2-      Création d'un centre international de transit du manioc à la Réunion. L'échange de boutures de manioc entre les pays d'Afrique ou avec les autres continents est actuellement interdit en raison du risque de propagation de la mosaïque du manioc (CMD) et de la striure brune (CBSD). La Réunion, où ces maladies virales sont absentes, pourrait servir de site de transit. Dès l’introduction au 3P, le matériel végétal sera contrôlé en condition confinées et sécurisées au laboratoire pour détecter, et si nécessaire éliminer, les virus et bactéries; des croisements entre variétés saines pourront être effectués pour produire des graines pour l'exportation, sans risque de propagation de ces maladies. Les chercheurs du 3P travailleront avec les centres régionaux et internationaux pour effectuer les diagnostics sur toutes les maladies virales et bactériennes.

3-      Création d'un site web qui mettra à la disposition de la communauté mondiale du manioc toutes les informations disponibles sur les membres du réseau PACSUN  et les données actualisées sur la répartition géographique des maladies virales et bactériennes du manioc.

4-      Développement de techniques de diagnostic pour mieux identifier les virus et les bactéries infectant le manioc ainsi que les aleurodes,qui sont les vecteurs responsables de la propagation des maladies virales surtout le continent africain. Un réseau de laboratoires de diagnostic nationaux, régionaux et internationaux sera établi via PACSUN.

5-      Établissement d'un plan global de formation technique et académique pour appuyer les activités de PACSUN. Il comprendra l'organisation de formations sur le transfert des techniques de diagnostic dans chaque pays du réseau et la diffusion auprès de tous les acteurs les connaissances permettant d’améliorer le contrôle des maladies du manioc.

L'atelier a été cofinancé par le Programme de recherche sur les cultures a racines, tubercules et sur la banane du CGIAR (RTB), Agropolis Fondation – Labex Agro programme Français Investissements d'Avenir, le Cirad, l'IRD, l'Union Européenne, la Région Réunion, l'Université de La Réunion, PPRSREC ("plate-forme régionale Pluridisciplinaire, Sociétés Rurales, Environnement et Climat en Afrique de l'Ouest").

Les participants

GCP21 est une organisation indépendante à but non lucratif qui collabore avec plusieurs programmes de recherche du CGIAR et un vaste réseau d’organisation de recherche et développement (R&D) travaillant sur le manioc dans le monde entier. GCP21 organise des réunions et des conférences sur une large gamme de sujets concernant le manioc afin de  combler les lacunes dans le domaine de la R&D, promouvoir le financement international de recherche et développement sur le manioc, favoriser la transformation industrielle de produits à base de manioc et rassembler les informations sur la culture et les scientifiques travaillant sur cette plante. Le but ultime de GCP21 est d'accroître la productivité du manioc dans le monde. 

Le CIRAD est un organisme public français travaillant pour la recherche agricole internationale et les questions de développement avec un effectif de 1800 personnes dont 800 chercheurs. Ses activités relèvent des sciences du vivant, des sciences sociales et des sciences de l’ingénieur appliquées à l’agriculture, à l’alimentation et aux territoires ruraux. Le Cirad s’engage au plus près des hommes et des territoires sur des défis complexes et évolutifs: sécurité alimentaire, intensification écologique,maladies émergentes, inégalités et lutte contre la pauvreté notamment. Le Cirad au travers d’un réseau mondial de partenaires conduits des recherches en coopération avec plus de 90 pays. Ses partenariats bilatéraux s’inscrivent dans des dynamiques multilatérales d’intérêt régional. En France, il met à la disposition de la communauté scientifique nationale et internationale un important dispositif de recherche et de formation situé principalement à Montpellier et dans l'outre-mer tropical français. Le CIRAD a une politique active de formation des jeunes chercheurs en particulier par l'intermédiaire d'un programme spécial pour les doctorants du Sud.

L’IRD est un organisme public français travaillant dans le domaine de la science et de la technologie, et entièrement dédié à la recherche pour le développement sous tutelle des ministères français de la recherche et du développement. A partir de son siège à Marseille, avec deux sites de recherche principaux à Bondy et à Montpellier (France), l’IRD centre ses recherches, sur les relations entre l’homme et son environnement en Afrique, Méditerranée, Amérique latine, Asie et dans l’outre-mer tropical français. Ses activités ont pour objectif de contribuer au développement social, économique et culturel des pays du Sud. Basé sur une approche interdisciplinaire, les projets développés avec nos partenaires portent sur des questions cruciales pour le sud: maladies tropicales et liées au mode de vie, sécurité alimentaire, changement climatique, ressources en eau, biodiversité, développement social, vulnérabilité et inégalité des sociétés, migration.

Le Programme de recherche du CGIAR sur les plantes à racines et tubercules et les bananes (RTB) est une collaboration internationale entre des centres de recherche agricole internationaux travaillant sur le manioc, la pomme de terre, la patate douce, l'igname, la banane, la banane plantain et autres plantes à racines et tubercules qui vise à améliorer la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens de subsistance de petits agriculteurs parmi les plus pauvres du monde. RTB associe le centre international de la pomme de terre (CIP), Bioversity International, le centre international d'agriculture tropicale (CIAT), l'institut international d'agriculture tropicale (IITA) et le Cirad représentant les partenaires français (CIRAD, IRD,INRA, Vitropic).

Agropolis Fondation est une fondation scientifique française fondée en 2007. Elle a pour objet de souteniret de promouvoir le développement de projets de niveau international (programmes de recherche et de formation par la recherche) dans le domaine de l'agronomie et du développement durable, en s'intéressant aux problématiques du Nord comme du Sud. Elle soutient financièrement des projets de recherche, des postes et séjours de scientifiques doctorants, pré- et post-doctorants ou chercheurs confirmés (junior ou senior) plus particulièrement dans 5 domaines: (i) Génétique et génomique, amélioration des plantes, écophysiologie; (ii) protection intégrée des cultures, (iii) Gestion des agro-écosystèmes; (iv) transformation et qualité des produits alimentaires et non alimentaire et (v) Gestion sociale del'innovation. Elle permet notamment à des scientifiques internationaux de venir travailler au sein du réseau scientifique de la Fondation à Montpellier, facilitant ainsi l'échange des connaissances et les collaborations internationales.

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