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Aleurode du cocotier aux Comores : la situation s’améliore

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  • Adultes et larves d'aleurodes du cocotier.

Aleurotrachelus atratus Hempel. C’est le nom de l’aleurode qui cause (avec Paraleyrodes bondari Peracchi, dans une moindre mesure) des ravages sur cocotiers aux Comores depuis 2000. Le Ministère de l’Agriculture comorien estime qu’il est la cause d’une chute de production de la cocoteraie (nombre de noix moyen récoltées par an par cocotier) de 87 % en Grande Comore (Ngazidja), de 61 % à Anjouan (Ndzouani) et de 40 % à Mohéli (Mwali). Un fléau pour ces îles, couvertes de cocotiers qui jouent un rôle essentiel dans la société comorienne (alimentation, médecine traditionnelle, etc.).

Comment cet aleurode (« mouche blanche ») s’attaque-t-il au cocotier ?
L’aleurode pompe la sève du cocotier pour se nourrir et excrète un miellat sur lequel se développe alors un champignon, la fumagine, gênant la photosynthèse et la transpiration de la plante. Ces deux actions entraînent un affaiblissement de l’arbre, réduisant sa production de noix de coco et pouvant aller jusqu’à sa mort. Le miellat très sucré peu également être phytotoxique pour les cultures se trouvant sous couvert des cocotiers (système de culture fréquent en zone tropicale).
Aucun moyen de lutte n’était connu avant que ne démarre le programme de lutte biologique du PRPV le 15 septembre 2005. Ce projet s’est déroulé en trois étapes sur 24 mois au total.

Le programme en étapes

La première étape, d’une durée de trois mois, a consisté à identifier les espèces d’aleurodes présentes sur Arecaceae à la Réunion et leur cortège d’ennemis naturels, notamment des parasitoïdes. A la Réunion, cet aleurode est présent, mais ne cause pas de dégât, étant régulé par ces « ennemis naturels ». Aux Comores à l’époque, il n’existait pas d'ennemi pour A. atratus, d'où l’explosion de ses populations. Trois parasitoïdes ont été trouvés à la Réunion :

 

  • Cales noacki Howard (introduit dans l’île pour lutter contre Aleurothrixus floccosus Maskell, l’aleurode floconneux des agrumes) ;
  • une nouvelle espèce d’Eretmocerus en cours de description, très spécifique d’A. atratus puisqu’elle a également été retrouvée sur cet hôte dans sa zone d’origine (Antilles françaises),
  • et plus récemment une autre espèce inédite de parasitoïde du genre Encarsia.

 

C’est lors de la seconde étape (décembre 2005 – décembre 2006) du projet que la spécificité d’Eretmocerus n. sp. a été vérifiée, afin de minimiser les risques d’attaques sur d’éventuelles espèces d’aleurodes endémiques des Comores. Parallèlement, la biologie (cycle de développement,…) de l’aleurode du cocotier a été étudiée.

Les premiers lâchers du parasitoïde (300 femelles récoltées à la Réunion) ont eu lieu en cage de confinement début 2007 dans le cadre de la troisième étape du programme. Objectif : vérifier son acclimatation, en conditions naturelles, aux Comores.

Parallèlement, une enquête écologique a été réalisée afin de mieux connaître la répartition de l’aleurode aux Comores. Au cours de cette enquête, l’espèce inédite de parasitoïde du genre Encarsia, probablement introduite accidentellement très récemment, a été découverte dans les trois îles. L’efficacité réelle de ce parasitoïde reste à préciser car à la Réunion, il est beaucoup moins fréquent qu’ Eretmocerus n. sp.
Une mission de fin de programme s’est déroulée du 13 au 20 septembre 2007 pour :

 

  • vérifier l’acclimatation d’ Eretmocerus n. sp. dans les conditions naturelles des Comores (cage expérimentale) ;
  • confirmer ou non l’amélioration de l’état phytosanitaire des cocotiers constatée en début d’année ;
  • préciser le rôle d’ Encarsia n. sp. dans le contrôle des populations de l’aleurode, ainsi que les éventuelles interactions existantes entre les deux parasitoïdes sur l’île d’Anjouan.

 

Les résultats de cette mission confirment l’amélioration de l’état phytosanitaire de la cocoteraie qui est plus significative qu’en début d’étape 3. Cette amélioration semble due au moins en partie au parasitisme affectant cet aleurode aux Comores, même si d’autres facteurs ont également pu y contribuer (climat principalement). L’acclimatation d’ Eretmocerus n. sp. est confirmée, à la fois dans les conditions semi-naturelles (cage expérimentale en Grande Comore) et naturelles des Comores (Anjouan).
Des préconisations seront données dans le rapport de fin de programme afin de permettre un contrôle optimal et pérenne des populations de ce ravageur dans cet archipel ainsi qu’ouvrir la voie à une réhabilitation de la cocoteraie comorienne.

Contact :

Serge Quilici

CIRAD 3P
UMR "PVBMT"
Laboratoire d’Ecologie Terrestre et de Lutte Intégrée
7 chemin de l’IRAT
97410 Saint-Pierre
Tél. : +262 262 49 92 40

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