Santé des plantes - Prémices d’un réseau de formation

Rédigé par David Josserond Shannti Dinnoo Modifié le

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  • Participants de l'atelier "Renforcement des capacités en gestion de la santé végétale dans le sud-ouest de l’Océan Indien"

Un atelier international était organisé début février 2015 au Pôle de Protection des Plantes ( 3P) à Saint-Pierre de La Réunion. Regroupant plusieurs universités du sud-ouest de l’océan Indien, de Belgique[1] et des unités de recherche[2] du Labex Agro[3] en santé des plantes, cet atelier était mené dans le cadre d’un projet exploratoire. Il vise à créer un réseau international de formation dédié à la gestion de la santé des plantes tropicales.

Claire Neema, directrice de l’Unité Mixte de Recherche Biologie et Génétique des Interactions Plante-Parasite (UMR BGPI), professeur à Montpellier SupAgro et co-coordinatrice du projet avec Stéphane Poussier (Université de La Réunion - UMR PVBMT), nous a accordé un entretien dès son retour de mission.

Bio&Agri - Quel est le contexte de mise en place d’un tel réseau de formation ?

Claire Neema - La lutte contre les pertes agricoles engendrées par les bio-agresseurs constitue un enjeu majeur, et ce depuis plusieurs années, pour les pays du SOOI.  Si plusieurs projets de recherche [PRPV, IRACC, ePRPV, Germination… ndlr]  ont déjà permis la construction d’une coopération scientifique et technique efficace dans le domaine de la santé des plantes, notamment à travers une production scientifique en co-publication, et des réussites techniques (lutte contre l’aleurode du cocotier, mise au point de méthodes de diagnostic...), peu de projets concernent à l’heure actuelle une véritable coopération dans le domaine de la formation par la recherche et de l'enseignement supérieur entre les îles du sud-ouest de l’océan Indien (SOOI).

B&A - Ce workshop était d’abord l’occasion pour vous de faire un état des lieux des formations et des ressources pédagogiques en santé du végétal dans le SOOI. Qu’en est-il ?

CN - Même si chaque partenaire a fait état de besoins différents dans les domaines de la formation et du renforcement des compétences, on a d’abord pu constater que si les universités des pays de la zone OI dispensaient déjà toutes des formations généralistes en biologie, peu d’entre elles abordent de manière spécifique la protection intégrée des plantes tropicales. Une demande a donc clairement été formulée, à savoir la nécessité de renforcer les capacités des universités pour former des professionnels qualifiés dans ce domaine dans la région du SOOI.

L’idée est donc à travers ce projet de mettre en place des sessions d’échanges de connaissances et de bonnes pratiques entre enseignants, transférer des ressources e-learning existantes ou en cours de développement, mettre en œuvre de nouvelles spécialisations, ou encore proposer des séances de formation (en formation continue ou formation initiale) pour le personnel académique des universités et les professionnels des îles. Un module commun de master de « Protection intégrée des plantes tropicales » est en cours de construction entre Montpellier SupAgro (Master Agrodesign[4]), et l’Université de La Réunion (Master BEE / BEST-T Biodiversité-Ecologie-Evolution, biodiversité et écosystèmes tropicaux terrestres). On souhaite toutefois maintenant aller plus loin, en l’ouvrant à l’ensemble de la zone, et en favorisant la mobilité des étudiants comme celle des enseignants.

Bref, notre ambition est d’offrir un ensemble de cursus de formations par et pour la recherche, tant en formation initiale qu’en formation continue, pour des publics de niveau licence et master.

B&A - Ce projet ne se résume toutefois pas à la mise en place de programmes de formation innovants à l’échelle régionale ?

CN - Nous souhaitons en effet plus globalement créer du lien entre les universités du SOOI, les universités européennes et des unités de recherche du Labex Agro en métropole pour, in fine, constituer et animer un réseau en gestion de la santé des plantes tropicales, dont Montpellier Supagro et l’Université de La Réunion seraient les principaux pilotes.

Plus largement encore, notre objectif est de promouvoir la recherche, l’innovation et le transfert de technologies dans la réduction de l’impact des bio-agresseurs sur les principales cultures tropicales, par le développement de méthodes de lutte respectueuses de l’environnement. Nous avons par exemple développé ces dernières années, au sein de la communauté scientifique du Labex Agro, de nombreux outils et méthodes de diagnostic et de détection des maladies émergentes.

Autant d’outils que l’on souhaiterait à l’avenir pouvoir transférer à nos partenaires de la zone OI qui, au travers des formations dispensées, pourraient véritablement se les approprier.



Stéphane Poussier, initiateur du réseau, a pu nous expliquer lors d’une interview au 3P les tenants et aboutissants de ce projet. Par ailleurs, la doyenne de la Faculté d’Agriculture de l’Université de Maurice, Yasmina Jaufeerally-Fakim, et la directrice du Programme des Sciences de l’Environnement de l’Université des Seychelles, Kelly Hoareau, y prennent également une part active. À l’occasion de leur passage à La Réunion pour l’atelier en février 2015, elles ont pu nous présenter leurs universités respectives et confier leurs attentes quant au futur de ces collaborations :



Contacts :
Stéphane Poussier : stephane.poussier@univ-reunion.fr
Claire Neema : claire.neema@supagro.fr


[1] Université des Comores, Université des Seychelles, Université de Maurice, Université d’Antananarivo (Madagascar), Université de La Réunion, Université Catholique de Louvain (Belgique).
[2] UMR PVBMT (Peuplements Végétaux et Bio-agresseurs en Milieu Tropical), UMR BGPI (Biologie et Génétique des Interactions Plante-Parasite), UMR IPME (Interactions Plantes Micro-organismes Environnement), UR Bio-agresseurs.
[3] Le Laboratoire d’excellence Agronomie et développement durable (Labex Agro), porté par Agropolis Fondation, a pour ambition de faire de Montpellier le premier pôle scientifique mondial pour les recherches sur la plante d’intérêt agronomique face aux enjeux liés à l’adaptation des agricultures au changement climatique, à la demande d’utilisation des plantes à des fins alimentaires et non alimentaires, à la gestion des risques et au développement durable.
[4] Master « Design of productive healthy and sustainable cropping system in Mediterranean and tropical regions ».

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