Contexte et diagnostic: l’impasse des traitements chimiques sur la mangue à La Réunion

Rédigé par caroline gloanec Modifié le

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  • La Ceratitis Rosa fait partie des 3 mouches des fruits qui piquent les mangues à La Réunion (© D. Vincenot)
  • La cochenille Icerya Seychellarum a fait des ravages sur les vergers en 2011 et 2012 (© D. Vincenot)
  • La Punaise du manguier peut détruire jusqu’à 100% de la production en quelques jours (© D. Vincenot)
  • La Punaise du manguier est encore très mal connue (© D. Vincenot)
  • Dégâts de cécidomyie des fleurs (© H. Farges)

A La Réunion, la culture du manguier (Mangifera indica) est contrainte par trois problèmes entomologiques majeurs : la punaise Taylorilygus palus Taylor (Heteroptera : Miridae) ; la cécidomyie des fleurs Procontarinia mangiferae Felt (Diptera : Cecidomyiidae) ; les mouches des fruits Ceratitis capitata, Ceratitis rosa et Bactrocera zonata (Diptera : Tephritidae).

Les punaises et les cécidomyies infligent de gros dégâts aux inflorescences, tandis que les mouches des fruits pondent dans les mangues mûrissantes. D’autres insectes peuvent ponctuellement causer des dommages significatifs, mais ils ne sont en général pas considérés comme des ravageurs aussi importants que les trois autres (thrips, acariens, charançons, cécidomyies des feuilles, papillons ou autres insectes piqueurs suceurs). De ces trois problèmes entomologiques majeurs, les mouches des fruits sont les mieux connues. Leur écologie à La Réunion a en particulier été récemment étudiée en détail.

Comparativement, la cécidomyie des fleurs est beaucoup moins connue. On trouve dans la littérature scientifique des publications sur la bioécologie de cette espèce ou sur des espèces très proches. Par ailleurs, l’étude précise du cycle biologique des cécidomyies sur manguier fait actuellement l’objet d’une thèse à l’Université de La Réunion (Paul Amouroux) au sein des unités HORTSYS et PVBMT. Le cas de la punaise est particulier puisque La Réunion est le seul endroit au monde où cette espèce pose problème sur mangue, d’où le peu de travaux publiés à son sujet.

Pour les agriculteurs réunionnais, la seule réponse disponible est trop souvent l’application massive de traitements chimiques. Actuellement, un seul insecticide reste homologué pour protéger les  fleurs et, de l’avis même des agriculteurs, son efficacité est plus que limitée. Ce constat a motivé depuis quelques années le développement de stratégies de lutte intégrée, regroupée en particulier dans la démarche de Protection Fruitière Intégrée (PFI). Cette stratégie regroupe des méthodes comme la lutte chimique raisonnée, le traitement par taches ou le piégeage de masse (cf. www.prpv.org). Mais la lutte chimique reste la base de la protection phytosanitaire et elle annihile l’action des insectes utiles à l’agriculture, sans compter les risques sur l’environnement et la santé des producteurs et des consommateurs.Parallèlement, la réduction des intrants (dont les insecticides) en culture de mangues implique un changement de mentalités et de pratiques pour protéger les cultures (Vincenot et  al. 2003).