L'abeille, indicatrice de la qualité de l'environnement

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  • Abeilles sur fleurs de letchis à la Réunion © Cirad - Antoine FRANCK

L’abeille est un véritable témoin de la qualité de l’environnement par ses caractéristiques biologiques et son activité intense de butinage qui la met en contact avec les produits phytopharmaceutiques et autres polluants environnementaux. Deux voies de contamination sont possibles : de façon directe par contact ou ingestion des contaminants ou de façon indirecte par du nectar ou du pollen contaminés ramenés à la colonie. Les travaux de biomonitoring environnementaux consistent à détecter les perturbations induites par les pesticides et autres polluants chez l’abeille et d’en déduire des indications sur l’état environnemental. Ces perturbations sont analysées au moyen de biomarqueurs qui correspondent à des changements mesurables à différents niveaux structuraux de l’abeille révélant l’exposition présente ou passée aux produits phytopharmaceutiques.

Biomarqueurs

Les biomarqueurs présentent des perturbations induites par les pesticides d’origine agricole ou domestique mais aussi par d’autres type de polluants environnementaux comme les molécules organiques et minérales provenant de l’activité industrielle et humaine, les métaux lourds ou encore les radionucléides. Différents types de biomarqueurs peuvent être utilisés en écotoxicologie plus ou moins spécifiques du contaminant à tracer. Ils sont généralement choisis grâce à leurs rôles essentiels dans des processus fondamentaux pour les performances, les défenses et la survie de l’organisme bioindicateur. Généralement impliqués dans le métabolisme d’élimination du toxique ou constituant directement leur cible, ils présentent une forte potentialité de modifications après exposition aux polluants.

Chez l’abeille, différents biomarqueurs enzymatiques ont été étudiés. Par exemple, l’acétylcholinestérase qui est la cible principale des organophosphates et carbamates et cible modulée de nombreux autres pesticides et polluants environnementaux ou encore les enzymes du système de détoxification comme les glutathion S-transférase, fortement stimulées après une exposition aux toxiques. C’est précisément le suivi de leur activité dans le temps qui constitue le système de veille environnemental et la modification de leur activité qui crée l’alerte. L’évaluation des effets des pesticides au moyen de biomarqueurs se fait à des niveaux sublétaux chez les abeilles survivantes fournissant des indicateurs précoces de contamination.

Les biomarqueurs représentent des outils de gestion environnementaux permettant le diagnostic précoce des effets induits de façon complémentaire à l’analyse chimique de la présence de pesticides. Ils sont particulièrement utiles lorsque les polluants responsables d’effets délétères se retrouvent à des niveaux inférieurs aux limites de détection analytiques ou qu’ils ont disparu. En effet, certains biomarqueurs peuvent conserver une perturbation pendant plusieurs jours après avoir été exposé avant de revenir à leur niveau initial. Le biomonitoring nécessite une connaissance approfondie des biomarqueurs présents chez l’abeille afin de différencier les perturbations induites par les toxiques, des perturbations biologiques naturelles.

Le biomonitoring chez l’abeille est une approche très prometteuse présentant un double intérêt : une meilleure gestion des risques présentés par les toxiques et une meilleure préservation d’un insecte pollinisateur de première importance.

 Source : Phytosanitairement vôtre n°32

Contacter l'auteur :

Alexandra Badiou, chercheuse à l'INRA

Pôle de protection des plantes
 7 chemin de l’IRAT
 97410 Saint-Pierre

Plan abeille du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche

Sur la base du rapport de Martial Saddier (octobre 2008), député de Haute-Savoie, un plan abeille pour une filière apicole durable est en cours de mise en œuvre. Il comporte 26 mesures phares dont la création d'un institut technique et scientifique apicole et d'une interprofession apicole, ainsi que l'idée d'un programme européen et mondial de recherche sur la biologie de l’abeille.

Tout savoir sur le plan abeille et prendre connaissance des mesures du rapport Saddier.

Voir aussi le site internet du congrès Apimondia 2009

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