Des mangues plus tôt et plus régulièrement...

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  • Manguier de la variété Kensington Pride en floraison.

Handicap pour la culture de la mangue à la Réunion : la floraison et la production du manguier sont alternantes. Cela signifie que lorsqu’une année, la production est forte, l’année suivante, elle sera faible. Autre handicap : la production se concentre sur 4 mois, de novembre à février, avec un pic en décembre qui fait chuter les prix. Deux contraintes en passe d’être levées par l’équipe Productions Intégrées Fruitières et Horticoles du Cirad à la Réunion, qui s’est attachée entre 2000 et 2006 à mieux comprendre les mécanismes de floraison du manguier.

Avec comme objectifs pour les producteurs :

 

  • de récolter plus régulièrement d’une année sur l’autre pour s’assurer un revenu régulier,

 

  • de mieux maîtriser les dates de production, pour proposer des fruits plus tôt sur le marché, notamment à l’exportation, et mieux répartir les récoltes sur la saison.

 

Réduire l’alternance

« Nous avons d’abord montré que le phénomène d’alternance de production allait de pair avec une alternance des réserves carbonées, c’est à dire énergétiques, de l’arbre », explique Frédéric Normand, chercheur de l’équipe. Lors d’une année de forte production, les fruits, nombreux, puisent des sucres dans les réserves carbonées de la plante, notamment dans les branches portant les fruits et surtout dans les racines. L’année suivante, les réserves en carbone de l’arbre sont donc plus faibles, ce qui pourrait expliquer la faible floraison, et la faible production qui en découle. Une des solutions pour obtenir plus régulièrement des mangues d’une année sur l’autre serait donc de réduire la charge en inflorescences et en fruits pour éviter l’épuisement du stock de carbone dans l’arbre.

Contrôler la floraison

« Nous avons ensuite mis en évidence que la croissance végétative, la floraison et la fructification sont étroitement liées. Leur intensité et leur déroulement dans le temps dépendent des caractéristiques des unités de croissance susceptibles de se ramifier, de fleurir ou de fructifier », poursuit Frédéric Normand. «  Nous appelons unité de croissance une portion de tige portant des feuilles qui apparaît au cours d’une vague de croissance végétative. C’est une sorte de structure de base dont l’empilement forme la partie aérienne de l’arbre ». Des techniques de contrôle de la croissance végétative, comme la taille ou le défourchage, pourraient donc favoriser la floraison et en modifier la date.

Des nouveaux modes de conduite de l’arbre…

Ces avancées dans la connaissance des mécanismes de la floraison du manguier servent aujourd’hui à tester de nouveaux modes de conduite de l’arbre, dans le cadre d’un projet d’innovation et de partenariat, financé par le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche. Ces derniers cherchent à réduire l’alternance de production, maîtriser les dates de récolte, améliorer la qualité des fruits, mais aussi à réduire l’usage des pesticides, en limitant un autre phénomène : l’asynchronisme de la floraison, de la croissance végétative et de la fructification. L’idée est de concentrer dans le temps chacune de ces phases habituellement étalée, afin que feuilles, fleurs et fruits soient exposés moins longtemps aux maladies et ravageurs. Un élément indispensable pour obtenir des fruits de meilleure qualité tout en produisant de façon plus saine pour l’environnement.

Contact

Frederic Normand
Station de Bassin Plat
BP 180
97455 Saint-Pierre Cedex
Tél : +262 2 62 96 93 64
Fax : +262 2 62 96 93 68