UMT BAT - Unité Mixte Technologique "Biocontrôle en Agriculture Tropicale"

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L’Unité Mixte Technologique «Biocontrôle en Agriculture Tropicale » associe le CIRAD, l' ARMEFLHOR, la biofabrique LA COCCINELLE. La synergie entre ces trois organismes a pour objectif d'accélérer le développement de méthodes innovantes et durables de biocontrôle contre les insectes ravageurs notamment en zones tropicales, milieux à forte pression parasitaire.

1. Qu'est-ce qu'une UMT ?

Une UMT (Unité Mixte Technologique) correspond à une interface Recherche-Développement sur un même lieu géographique. Elle est co-animée par un Institut Technique Qualifié et un Organisme de Recherche ou d’Enseignement supérieur. Pour l'UMT BAT, il s'agit respectivement de l'ARMEFLHOR et du CIRAD.

Une UMT fédère des équipes de recherche, de formation et de développement autour d’une thématique à forts enjeux socio-économiques et environnementaux. Dans ce cadre l'UMT BAT associe également la COCCINELLE, la biofabrique réunionnaise de macro-organismes auxiliaires des cultures.

Complémentarité et liens entre l’UMT BAT et le RITA horticole :

L’UMT BAT est affiliée au Réseau d’Innovation et de Transfert Agricole de la Réunion ( RITA) animé par l’Armeflhor. Pour le Rita Horticole, elle en est la composante scientifique et technique, appuyant la recherche de solutions de biocontrôle pour répondre aux problèmes phytosanitaires des professionnels. Le schéma ci-dessous positionne l’UMT BAT par rapport au RITA Horticole.

2. Qu'est-ce que le biocontrôle ?

Psyttalia fletcheri, parasitoïde de la mouche du melon

Le biocontrôle repose sur l’utilisation de mécanismes naturels pour protéger les végétaux ou renforcer leurs défenses naturelles contre les organismes nuisibles tout en présentant un niveau élevé de sécurité pour la santé publique et l'environnement.* (Rapport Biocontrôle du CGAAER en 2017)

4 axes structurants autour des solutions de biocontrôle :

  1. des macroorganismes (insectes, nématodes etc.)  
  2. des microorganismes (bactéries, virus, champignons)
  3. des médiateurs chimiques (phéromones d’insectes et kaïromones) 
  4. des substances naturelles d'origine végétale, animale ou minérale, ou identiques à celles-ci, et des substances de base

Composante clé du RITA horticole à La Réunion :

L'UMT BAT apporte une contribution opérationnelle scientifique et technique aux professionnels pour le développement du biocontrôle en agriculture tropicale.

3. Le contexte

«Produire plus et mieux» est une priorité mondiale. L’Outre-Mer français doit répondre à l’augmentation rapide des populations et de leurs besoins sur une SAU (surface agricole utile) en réduction, avec des exigences environnementales très fortes, liées à la fragilité et la richesse des écosystèmes et des contraintes réelles de partage du territoire. Cet environnement et la réalité des marchés économiques obligent à des sauts technologiques pour réussir une production horticole écologiquement intensive.

Les écosystèmes insulaires tropicaux sont d’autant plus vulnérables aux invasions biologiques de par leur isolement et leur fragilité. L’accélération des introductions d’arthropodes nuisibles appartenant à la liste des ravageurs les plus importants au monde à la Réunion comme dans les îles de l’Océan Indien menace non seulement les agrosystèmes mais aussi les écosystèmes naturels. L’introduction de ravageurs et pathogènes exotiques est chronique à La Réunion, Bactrocera dorsalis, Spodoptera frugiperda, Tuta absoluta, Sipha flava, rouille orangée de la canne à sucre etc. pour ne citer que les plus marquants de ces dernières années.

Les importations croissantes des végétaux et l’impossibilité de justifier de réelles barrières phytosanitaires facilitent certaines de ces introductions, le tout associé à des conditions agroclimatiques favorables aux pullulations, engendre une consommation de pesticides importante dont une partie se retrouve dans les eaux. La consommation d’insecticides à la Réunion est très supérieure à la moyenne nationale, 40 % des 480 tonnes de matières actives commercialisées à La Réunion en 2009 étaient des insecticides (contre 12 % en métropole)(source : DAAF Réunion). La réduction à marche forcée de l’emploi des intrants chimiques est aujourd’hui une priorité pour l’Outre-mer français. Le principal enjeu est le développement de filières végétales tropicales à faibles intrants chimiques. Pour atteindre les objectifs du plan Ecophyto II +,la filière fruits et légumes doit développer des méthodes de productions durables. 

L’agriculture doit aussi contribuer aux priorités environnementales de La Réunion, reconnue, en 2010, patrimoine mondial de l’UNESCO. Les espaces agricoles bordent le Parc National et représentent environ le tiers de la superficie de l'île. Les programmes locaux de développement ont validé l’intérêt de décliner l'objectif national de réduction de l'usage des produits phytosanitaires (Ecophyto 2018), afin de régler les difficultés réglementaires liées aux usages mineurs et de réduire l’utilisation massive de pesticides.

4. Objectifs de l’UMT BAT

La problématique de l'UMT BAT résulte de la nécessité de prendre en compte à la fois les enjeux économiques, environnementaux et sanitaires de la production des filières de diversification végétale à La Réunion. La mise en œuvre des stratégies du biocontrôle apparaît pertinente pour relever ce défi. 
L’objectif général de l’UMT BAT est de conduire des activités de recherche et d’expérimentation pour concevoir et valider des stratégies de biocontrôle et de les intégrer aux systèmes de cultures fruitières et maraîchères tropicales. Cet objectif met l’accent sur la réduction ou la suppression des produits chimiques de synthèse.

Les modèles prioritaires étudiés dans le champ de l’UMT BAT sont :

  1. Le biocontrôle des mouches des fruits (Tephritidae) qui touche les systèmes de culture fruitière et maraichère
  2. Le biocontrôle sous abri avec un focus sur le modèle tomate

Ces modèles présentent un enjeu économique fort (diminution des importations et sécurité alimentaire).

5. L'organisation de l'UMT BAT

L’UMT est organisée autour de 3 groupes :

  1.  Un groupe « systèmes de cultures » qui concerne les systèmes prioritaires : deux systèmes de cultures pérennes (mangue, agrumes), un système de culture à cycle court de plein champ (ananas) et un système de culture sous abri (tomate)
  2. Un groupe « solutions techniques », dans lequel les partenaires mettent au point en commun des itinéraires techniques agroécologiques correspondant aux besoins de ces systèmes prioritaires
  3. Un groupe « surveillance, diagnostic et épidémiologie » qui assure ces trois actions pour ces systèmes prioritaires et sur des sujets d'actualité ou émergents

L’animation s’effectue selon 3 modalités :

  1.  Animation (verticale) par groupe
  2. Animation transversale
  3. Animation par système de culture

6. Périmètre de l'UMT BAT

Focaliser sur des thématiques de recherche et développement :

  • D’importance économique, prioritaires pour les filières 
  • Situations d’impasse phytosanitaire ou solutions phytosanitaires pas suffisamment efficaces
  • Marges de progression possibles en terme de réduction de pesticides de synthèse
  • Compétences valorisables dans les 5 ans par des co-publications entre partenaires

7. Les principales activités de l'UMT BAT

Axe 1 : Mouches des fruits en plein champ

Macroorganismes 
  • Evaluer l’efficacité d’une lutte biologique par acclimatation d’un parasitoïdes après l’invasion d’une nouvelle espèce de mouche. Fopius arisanus/communauté des mouches des fruits
  • Etudier la faisabilité de la technique de l’insecte stérile B. dorsalis (Projet GEMDOTIS EcoPhyto- oct.2019-oct.2022)
Microorganismes
  • Développer des stratégies basées sur l’utilisation de champignons entomopathogènes 
    • Evaluation et développement d’une stratégie Attract and contaminate : Mouche du melon / cucurbitacées
    • Contrôle en verger : Mouches des fruits / manguiers  (Projet H2020 FF-IPM- sept 2019-sept 2023)
  • Des médiateurs chimiques 
    • Identifier et évaluer des kairomones attractives de mouches des fruits Mouche de melon / cucurbitacées
    • Identification et évaluation de nouveaux attractifs des mâles des mouches des fruits
  • Substances naturelles actives
    • Végétales : extraits végétaux de 2 pipéracées indigènes de La Réunion / Tephritidae
    • Evaluer des substances minérales, animales et substances de base pour le contrôle de mouches de fruits
  • Evaluation & Analyse d'un système de culture en plein champ
    • Approche parcellaire en multi-cultures
  • Approche multi-échelles en vergers de manguier (parcelle  au territoire)prophylaxie, couvertures végétales et plantes de services, piégeage Attract and kill, diminuant le recours aux pesticides de synthèse pour préparer un terrain favorable à la TIS (Projet GEMDOTIS EcoPhyto- oct.2019-oct.2022) 

Axe 2 : Tomates sous-abri

  • Production mondiale, nombreux ravageurs
  • 60 à 70%  des cultures sous serre à la Réunion, 100 % de taux couverture en frais, 1er fruit consommé à La Réunion (Agreste 2017)
  • Système sous abri pour la gestion des bioagresseurs mais encore de nombreux problèmes phytosanitaires (Ralstonia solanacearum, Thrips, Oïdium, Botrytis cinerea, Pucerons, Acariens, Bemisia tabaci, TYLCV, ToCV etc.)
Macroorganismes
  • La lutte biologique par lâchers inoculatifs / inondatifs
    • Développer et évaluer l’utilisation d’une punaise prédatrice indigène Nesidiocoris volucer / Bemisia tabaci-thrips
  • Développement d’autres auxiliaires potentiels
Microorganismes
  • Phagothérapie
    • Développer, estimer la durabilité et évaluer l’efficacité en milieu confiné (Ralstonia solanacearum / bactériophages)
Evaluation et analyse des systèmes de cultures en stratégie de biocontrôle
Contact
Laurent Costet (CIRAD-UMR-PVBMT) : laurent.costet@cirad.fr
Toulassi Nurbel (ARMEFLHOR) : toulassi.nurbel@armeflhor.fr