Antoine Franck : l’entomologiste photographe

Rédigé par David JOSSEROND Modifié le

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  • Station d'imagerie macroscopique du Cirad Réunion (© David Josserond)
  • Salticide-Plexippus paykulli (© Antoine Franck - Cirad)
  • Eruption explosive - Piton de la Fournaise (© Antoine Franck)
  • Enfants Malgaches (© S.Calizingue)

Au sein du Cirad Réunion, Antoine Franck a su au fil des années conjuguer ses deux passions : l’entomologie et la photographie. Portrait…

Une première passion : l’entomologie

Un BTS "Protection des cultures" en poche, Antoine Franck quitte au début des années 1990 le nord de la France pour la Réunion. A l’époque, le Cirad à la Réunion recherche un technicien entomologiste dans le cadre d’un programme de recherche sur les mouches des fruits. Rapidement il intègrera également d’autres projets de recherche l’amenant aussi bien à gérer la mise en place d’essais de piégeage contre les mouches des fruits et des légumes, à former des techniciens de la zone océan Indien aux techniques de reconnaissance, récolte et conservation des ravageurs (PRPV) ou encore à participer à la récolte de salticidés dans l’ensemble des Mascareignes (Biotas). Un travail de terrain qui se voit complété par des recherches en laboratoire, au cours desquelles Antoine va étudier la biologie et le comportement des ravageurs. « L’objectif in fine est d’étudier le comportement des insectes, connaître leur biologie et agir en conséquence, en proposant des moyens de lutte adaptés, qu’ils soient conventionnels, intégrés ou biologiques, résume Antoine. Sans oublier l’arrivée de nouveaux ravageurs sur un territoire donné, et dont on va étudier la provenance, les dommages ou même les auxiliaires inféodés… ».

Un autodidacte de la photographie nature

Autodidacte, Antoine Franck se décrit également volontiers comme un passionné de la photographie, en particulier la photographie nature, qu’il a découvert à son arrivée sur l’île de la Réunion, et qui l’amène aujourd’hui à exposer régulièrement à La Réunion et dans les plus importants festivals internationaux de photo nature, comme l’an dernier à Montier En Der (France) ou prochainement à Namur (Belgique).  « Les paysages réunionnais sont des terrains de jeux exceptionnels pour un photographe, explique-t-il. Aussi, dès mon arrivée sur l’île, la photographie s’est rapidement transformée en une véritable passion, en particulier pour Le Piton de La Fournaise ». Depuis, Antoine Franck, qui aura visité près d’une trentaine de pays à travers le monde lui permettant d’enrichir une photothèque personnelle de plus de 30000 clichés, consacre à la photographie la majeure partie de son temps libre. « La photographie est une activité chronophage. Le photographe est sans cesse à la recherche du cliché parfait, réunissant un sujet intéressant, le respect des règles de la composition, une belle dynamique et avant tout une lumière bien saisie… Or, chaque sortie sur le terrain n’est pas forcément fructueuse. Patience, persévérance et chance sont bien souvent les qualités nécessaires au photographe pour parvenir à saisir une belle image ! ».

« Souvent, une belle image vaut mieux qu’un long discours »

Antoine Franck va également, au fil des années et en parallèle de son travail d’entomologiste, rendre service à de nombreux chercheurs et techniciens du Cirad, en demande de photos pour illustrer leurs travaux de recherche, leurs publications ou leurs posters à l’occasion de congrès scientifiques. Il va ainsi progressivement transposer ses connaissances de la photographie à son domaine de recherche : les insectes. « Un besoin d’images s’est fait ressentir en entomologie, analyse Antoine. Souvent, une belle image vaut mieux qu’un long discours. Certains taxonomistes y voient même une nouvelle manière de voir l’insecte, différente de celle au microscope binoculaire à travers lequel souvent seule une partie de l’insecte est nette, obligeant donc l’utilisateur à des réglages permanents ». En effet, la station d’imagerie macroscopique utilisée par Antoine, offre, contrairement à l’argentique avec lequel il a fait ses débuts, une profondeur de champ jusqu’alors inégalée pour photographier des insectes dont la taille est le plus souvent inférieure au millimètre. « Pour chaque objet ou insecte photographié, préalablement tué et remis en situation dans son environnement, entre 20 et 100 images sont prises puis assemblées.Reste ensuite à Antoine à « magnifier l’image par l’informatique, sans toutefois la trafiquer. Via un logiciel de retouche d’images, j’essaie de faire vivre la lumière en travaillant sur la densité de certaines zones, ce qui a pour effet d’augmenter le relief de l’image. Autant de choses que l’on faisait déjà du temps de l’argentique, non pas sur écran, mais directement en chambre noire à l’aide de masques ».

Vers une banque d’images des organismes nuisibles de l’océan Indien

Depuis plus d’un an maintenant, Antoine Franck s’attèle ainsi à « monter la banque d’images » associée à une base de données développée dans le cadre du projet régional "Elargissement et Pérennisation du Réseau de Protection des Végétaux" (e-PRPV) dans l’océan Indien. « Cette banque de données regroupera essentiellement les organismes nuisibles observés sur une plante ou dans une zone géographique donnée, leurs dégâts mais aussi les moyens de lutte disponibles et les auxiliaires connus ». Autant de données bibliographiques et chiffrées qui trouveront un écho dans les photos d’Antoine, qui seront pour certaines d’entre elles visibles dès l’année prochaine en grand format sur le front de mer de St-Pierre à la Réunion et le Caudan Waterfront de Port-Louis (Maurice) à l’occasion d’une exposition sur le thème de la biodiversité. A suivre…

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