Alain Dambreville, président de l’Armefhor : "Développons ensemble une agriculture réunionnaise forte"

Rédigé par David JOSSEROND Modifié le

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  • Alain Dambreville, président de l’Armefhor

Alain Dambreville, producteur réunionnais, est également depuis octobre 2012 président de l'Association Réunionnaise pour la Modernisation de l'Economie Fruitière Légumière et HORticole (Armeflhor). Rencontre...

Présentez-nous brièvement l'Association Réunionnaise pour la Modernisation de l'Economie Fruitière Légumière et HORticole (ARMEFLHOR) ?

- Créée en 1992 sous la forme d’une association, l’Armeflhor a aujourd’hui le statut d’institut technique agricole en fruits, légumes et horticulture. Notre mission est donc de répondre aux besoins des agriculteurs et professionnels du secteur, en leur proposant un ensemble de produits et services pouvant être liés à la mise au point d’itinéraires techniques culturaux, la recherche de variétés adaptées au climat tropical, l’amélioration de techniques (mécanisation, fertirrigation…) ou encore la diversification d’espèces de fleurs…

Autant de nouveaux produits et services nés directement de l’expérimentation ?

- L’Armeflhor s’attache en effet à recueillir les besoins des professionnels et à les traduire en programmes d’expérimentation. A ce titre, l’Armeflhor constitue véritablement selon moi un centre d’expérimentation en phase avec le temps "producteur". Les expérimentations menées par l’Armeflhor n’ont de sens que si l’attente de l’agriculteur entre la formulation de son besoin et la réponse à ce besoin, est réduite au minimum. En outre, toutes nos études se doivent de répondre à deux autres contraintes : économique et agro-écologique. On a malheureusement eu tendance jusqu’à présent à vouloir transposer ce qui se faisait dans l’hémisphère nord, et plus précisément en métropole, en appliquant chaque technique point par point. Or, on ne peut transposer des savoir-faire et technologies imaginées pour les pays du Nord, à une île tropicale de l’hémisphère sud comme la Réunion, où le climat est foncièrement différent et la pression phytosanitaire constante du 1er janvier au 31 décembre. Il nous faut repenser la conduite des cultures à la Réunion !

Quels sont les besoins des agriculteurs réunionnais aujourd’hui ?

- Ils sont nombreux et concernent l’ensemble des productions locales, notamment la carotte, l’ail, l’oignon ou la pomme de terre, de plus en plus menacées par les importations. Une des volontés des organisations professionnelles est donc par exemple d’augmenter la capacité de production, en trouvant de nouvelles niches de production, faisant ainsi passer la production de fruits et légumes à la Réunion de 100000 à 140000 tonnes/an. Développer une agriculture plus respectueuse de l’environnement est également au cœur des problématiques du monde agricole réunionnais. La mise en place récente de programmes nationaux comme Ecophyto incite évidemment nos agriculteurs à se tourner vers des méthodes alternatives naturelles. Même s’il est toujours compliqué de remettre en cause ses pratiques, on note une volonté réelle de la part des agriculteurs de se former aux nouvelles pratiques et nouvelles règlementations environnementales en vigueur. Près de 1500 agriculteurs réunionnais se forment ainsi par an à la Réunion (sur 6500 agriculteurs sur l’ensemble de l’île). Une démarche vertueuse est selon moi enclenchée.

Un de vos objectifs est également d’inscrire l’Armeflhor comme un outil de l’inter-professions de la filière "fruits et légumes" dans le paysage agricole réunionnais ?

- L’Armeflhor doit en effet avoir vocation à répondre aux besoins de l’inter-professions de la filière "fruits et légumes", en privilégiant une approche transversale. L’idée est vraiment de développer une agriculture réunionnaise forte, en offrant la possibilité à la Réunion à la fois de produire "péï" et de valoriser ses différences et spécificités. L’agriculture est une richesse pour la Réunion, pour peu que l’on sache la valoriser.

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