La sécurité alimentaire : une priorité pour la recherche agronomique dans l’océan Indien

Rédigé par Jaëla Devakarne Modifié le

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  • Conférence sur la sécurité alimentaire - 25 & 26 mars 2013 - Mahajunga (Madagascar)

Près de 200 représentants des secteurs public et privé des îles de l’océan Indien se sont réunis à Mahajunga (Madagascar) les 25 et 26 mars derniers sur le thème de la sécurité alimentaire dans l’Indiaocéanie. Organisée par la COI, cette table ronde avait pour objectif de tracer les grandes lignes d’un projet de coopération régionale sur le sujet. À cette occasion, le Cirad a réaffirmé son engagement sur cette problématique prioritaire pour la recherche agronomique.

« Nous ne sommes absolument pas protégés des risques liés à l’insécurité alimentaire. Madagascar est une partie de la solution. Nous tous réunis, sommes l’autre partie » soulignait Jean Claude de l’Estrac, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI), lors de la table ronde sur la sécurité alimentaire [1] dans l’Indiaocéanie. Les îles du sud-ouest de l’océan Indien importent encore en effet une grande partie de leur alimentation de base d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Sud, les rendant dépendantes des fluctuations des coûts d’approvisionnement (plus de 20 % de 2006 à 2009).  Madagascar concentre pourtant 98% des surfaces agricoles utiles hors sucre et 90% de la population de la région et les îles voisines constituent un marché immédiat. Comment faire de la grande île "le Grenier de l’océan Indien (OI)" fut donc au cœur des discussions du séminaire des 25-26 mars.

Un projet ambitieux nécessitant une approche intégrée

C’est en présence de quatre ministres malgaches que les sessions de la table ronde se sont enchaînées, signe d’une volonté de stabilisation de la politique du pays dont les élections prochaines sont fortement attendues. En guise d’introduction, l’EDBM (EconomicDevelopment Board of Madagascar) a exposé les potentialités de Madagascar en matière de production agricole. Les régions de Sofia, Vakinankaratra  et du Menabe ont déjà été ciblées pour la production et la commercialisation de produits agricoles sur 4 filières clés : le maïs, les grains, le riz et les oignons.  Le respect du droit coutumier malgache, la proposition d’un modèle d’agriculture contractuelle, la notion de "marché inclusif" ont également posé le cadre de la collaboration à venir. Enfin, l’implication des investisseurs privés et la prise en compte des recommandations des partenaires de développement conditionneront la réussite de la démarche.

Le Cirad au service de la montée en compétences des chercheurs de l’océan Indien

Les aspects scientifiques et techniques ont été ensuite abordés. Gilles Mandret, directeur régional du Cirad Réunion/Mayotte, a présenté les projets de coopération régionale en cours sur la thématique de la sécurité alimentaire. « EPRPV, QualiREG, Germination, sont des exemples d’initiatives déjà engagées pour faire de ce projet une réalité » a-t-il souligné. En effet, l’harmonisation des législations phytosanitaires, la protection des végétaux, l’amélioration de la qualité des produits agroalimentaires ou encore la valorisation des ressources génétiques disponibles sont essentielles à la réussite de cette démarche. Pour soutenir le travail en réseau des acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur de l’océan Indien, le Cirad a dévoilé ses "Dispositifs en Partenariat (DP)", permettant de créer des conditions propices au renforcement de capacités des pays de la région. Ils permettent notamment l’accueil physique des chercheurs de l’océan Indien au sein de plates-formes de recherche. Orientés autour de "l’intensification écologique de l’agriculture", ces dispositifs s’organisent autour des thématiques suivantes : Santé animale/humaine, Co-conception de systèmes agroalimentaires de qualité, Biodiversité et Santé végétale et Services et impacts des activités agricoles en milieu tropical. La proposition du CIRAD de mise en place d’une Plateforme Régionale de Recherche Agronomique pour le Développement (PReRAD), rassemblant ses Dispositifs en Partenariat de Madagasacar et de la Réunion, voire de l’AFORA avec leurs partenaires, a été retenue comme un atout majeur de l’appui au projet de sécurité alimentaire et à la COI.

Après les sessions de conférences, des groupes de travail thématiques ont formalisé les attentes des partenaires potentiels du projet. Dans les mois à venir, le secrétariat général de la COI définira le budget de ce futur projet, pour la prochaine réunion du Conseil des Ministres début 2014, avant de le présenter pour financement dans le cadre du 11ème FED.

 [1] Définition "Sécurité alimentaire" retenue depuis la Conférence mondiale de l’alimentation de 1996 : « La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine ».

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