Dans mon jardin, il y a…

Rédigé par Shannti Dinnoo Modifié le

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  • Participantes à l'atelier "Dans mon jardin il y a" aux Comores
  • Atelier "Dans mon jardin il y a..." aux Comores
  • Virginie Bannier de Sciences Réunion lors de l'atelier aux Comores
  • Les élèves de l'atelier "Dans mon jardin il y a"

…des roussettes, des lézards, des lémuriens?! De la prédation à la compétition, en passant par la coopération et le parasitisme, l’atelier de sensibilisation à la biodiversité, développé par le Cirad, Sciences Réunion et l’ Université de La Réunion, permet aux enfants de l'île de La Réunion et des Comores de mieux comprendre l’environnement qui les entoure et d’identifier les principales relations qui existent entre les êtres vivants.

Initiative lancée en 2011, le projet baptisé « Dans mon jardin, il y a… » est un outil pédagogique de sensibilisation à l’agro-écologie et à la biodiversité destiné aux écoliers âgés de 8 à 12 ans.

Grâce à cet atelier, l’enfant se familiarise avec son environnement proche et comprend le rôle et la place des êtres vivants dans leur milieu naturel. À l'aide de ces connaissances, il prend naturellement conscience de l’importance de l’équilibre au sein de l’écosystème tel qu’un jardin, où fourmillent une multitude d’êtres vivants entretenant diverses relations inter-espèces.

Adaptation de l’outil aux Comores

Ce projet s’articule au sein d’un programme plus large intitulé ePRPV et fait écho à une problématique environnementale tant régionale que globale. Là où les dégradations du milieu naturel dues à l'exploitation agricole mettent en péril l’écosystème, la connaissance du milieu et son enseignement permettent de sensibiliser afin d'enrayer ces phénomènes.

Après avoir été éprouvé à La Réunion, le module pédagogique a été proposé aux Comores. Malgré leur proximité régionale, la faune, la flore et la culture de ces pays voisins sont toutefois distinctes. Il a donc fallu adapter l’outil à la réalité comorienne. En 2013, 12 enseignants du premier degré en Sciences et Vie de la Terre des Comores ont été formés pour animer l’atelier à l’école française de Moroni, comme l’explique Sébastien Boyer, Responsable Animation à Sciences Réunion :

« Dans un 1er temps, les enseignants sont formés à l’approche de l’animation scientifique pour qu’ils puissent comprendre dans quel cadre l’outil a été créé. Il y a ensuite une formation scientifique sur le contenu même de l’écologie et de l’agro-écologie. Enfin, une troisième partie où l’outil va être adapté aux besoins des enseignants à travers la traduction en shikomori et une présentation en situation où les enseignants comoriens vont animer l’outil pour des élèves de l’école française de Moroni ».


Visuel de l'atelier "Dans mon jardin il y a" aux Comores © Cirad - Sciences Réunion
Visuel de l'atelier "Dans mon jardin il y a" aux Comores

Rebaptisé « Ndo uyelewa owulanga » pour les Comores, le module a ensuite été proposé aux élèves de différents villages de l’archipel. Virginie Bannier, animatrice scientifique à Sciences Réunion, a dirigé plusieurs de ces ateliers. Elle nous fait part de son expérience :

Bio&Agri - Comment fonctionne le module pédagogique ?

Virginie Bannier - Il y a trois parties à l’outil : une première partie avec un tableau magnétique et des magnets, qui permettent d’introduire des êtres vivants dans le jardin et d’envisager les conséquences. Par exemple, on ajoute un oiseau et un papillon et on demande : « quelle est la relation entre les deux ? ». À ce moment-là, les enfants ont des petites pancartes pour s’exprimer, une sur la prédation, une sur la coopération, une sur le parasitisme et une sur la compétition. Ces 4 termes ont été bien définis au départ.

Ensuite, on bouscule les êtres vivants qui sont à l’intérieur. Par exemple, l’oiseau va manger le papillon. « Mais moi, j’adore les papillons et j’aimerais qu’ils restent dans mon jardin, qu’est-ce que je fais ? » : je chasse les insectivores. Mais chasser les insectivores implique des répercussions sur le jardin. Les insectes vont se reproduire massivement et vont avoir besoin de se nourrir. Et qu’est ce qu’ils vont trouver ? Les plantes que je cultive dans mon jardin, donc ça n’était peut-être pas une bonne idée.

Ensuite, on bouscule dans le sens inverse : on remet des insectivores en grande quantité. Cette fois-ci, ils vont se nourrir des insectes, jusqu’à ce qu’il n’y en ai plus un seul, ils n’ont alors plus rien à manger et l’absence d’insectes pollinisateurs ne permet plus d’avoir de fruits dans mon jardin.

Dans la deuxième partie, d’autres milieux sont présentés : l’océan, la forêt et le milieu urbain. Les élèves répartis par équipes doivent retrouver à l'aide d'énigmes les êtres vivants qui appartiennent à ce milieu et la relation qui peut les unir.
Si on a un petit peu de temps à la fin, ils viennent faire une présentation, soit sous forme de jeu de rôle, soit avec une phrase courte pour présenter les relations.

B&A - Pourquoi Les Comores ?

VB - C’était vraiment une demande spécifique du Cirad. Ils voulaient un lien entre les Comores et la Réunion. Il y avait déjà quelqu’un là-bas qui était sur place pour le projet ePRPV [Christiane Grimault, ndlr]. Les pratiques agricoles avec la déforestation, des monocultures, des cultures sur brûlis, combinées au manque de terres ont motivé cette demande. L’idée était de sensibiliser les enfants en proposant un outil pédagogique transmis dans les différentes îles. Des liens avec l’ Université des Comores ont été créés grâce à Christiane Grimault pour pouvoir traduire les noms d’êtres vivants et pour aussi trouver les êtres vivants représentatifs de chaque milieu.

B&A - Quelles ont été les difficultés sur place ?

VB - Sur le terrain même, les principales difficultés étaient que les enseignants n’étaient pas en mesure d’utiliser l’outil dans sa version initiale. Ils ont des effectifs très nombreux, 40-50 élèves, alors que nous, on leur demande de travailler par demi-groupes de 15. Ensuite, ils ont des contraintes de temps, ils ont peur de ne pas pouvoir finir le programme scolaire. Ils ont un temps vraiment réduit d’enseignement : ce ne sont que des demi-journées avec un programme qui est quasiment aussi lourd qu’ici. Enfin, il a fallu faire un choix sur les traductions en shikomori, car chaque île a son propre dialecte. Ensuite il y a le problème du suivi, parce qu’il n’y a plus de présence directe du Cirad sur place et nous n’avons plus de retours au sujet de l’utilisation des outils.



L’outil pédagogique « Dans mon jardin, il y a... » a été utilisé en 2013 et 2014 dans plus de 40 classes et a permis d’initier à l’écologie près de 700 élèves réunionnais et comoriens.

Ce partenariat régional entre La Réunion et la Comores a été mis en valeur par un reportage de Serge Marizy :


Pour plus d'informations : www.sciences-reunion.net/Dans-mon-jardin

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