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Issa Mze Hassani, entomologiste de l’INRAPE : "D’importants travaux de lutte contre les nuisibles doivent être réalisés aux Comores"

Rédigé par Christiane Grimault Modifié le

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  • Issa Mze Hassani

Issa Mze Hassani, entomologiste, travaille actuellement à l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, la Pêche et l’Environnement (INRAPE) sur un programme de lutte biologique contre la mouche des fruits Bactrocera invadens aux Comores, qui doit aboutir au lâcher d’un parasitoïde. Il nous présente les activités qu’il mène dans le cadre de ce programme, et les besoins du pays en matière de recherches en entomologie agricole.

Comment se déroulent vos travaux sur la lutte contre la mouche des fruits Bactrocera invadens aux Comores ?

- L’étude écologique menée actuellement dans le cadre de ce programme avance bien, même si nous devons constamment faire face à des difficultés liées au contexte local. Ce travail conjoint entre le l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, la Pêche et l’Environnement des Comores (INRAPE) et le Cirad est possible grâce à un financement du projet régional Elargissement et Pérennisation du Réseau de Protection des Végétaux (ePRPV). Mais le manque de moyens matériels et humains sur place rendent difficiles des activités en apparence simples, comme l’installation du réseau de piégeage dans divers sites du pays, à cause de l’état des routes et de l’absence de véhicule de service. Nous utilisons régulièrement les transports en communs pour nous rendre sur les sites sélectionnés. Ce n’est pas pratique pour le transport du matériel, et cela augmente les temps de trajet.

Et pour ce qui est des moyens humains ?

- Afin de m’assurer que les acteurs de ce programme maîtrisent correctement le travail entrepris, j’ai réalisé plusieurs ateliers de formation auprès des techniciens agricoles des différentes îles du pays : formation générale sur les nuisibles et leur importance économique, formation ciblée sur la mouche des fruits, moyens de lutte et enfin taxonomie des tephritidae. Certains d’entre eux avaient déjà suivi une formation à La Réunion en 2005 dans le cadre du projet PRPV, aussi étaient-ils satisfaits d’acquérir des connaissances supplémentaires et de pouvoir enfin les mettre en pratique ces acquis.

Quelle est la suite du programme ?

- Les pièges ayant été installés, des relevés seront effectués toutes les semaines afin d’avoir des données sur les populations. En parallèle, nous avons rénové une salle du laboratoire d’entomologie de l’INRAPE afin mettre en place un élevage de la mouche Bactrocera invadens. Il doit servir à compléter les recherches en laboratoire et à réaliser les essais pour l’introduction de Fopius arisanus, parasitoïde de Bactrocera invadens. Si les études sont concluantes et que le lâcher est effectué, nous réaliserons un suivi à long terme de son efficacité dans les sites de piégeage mis en place.

Quelles seraient les autres pistes d’études à réaliser aux Comores dans le domaine de l’entomologie agricole ?

- Elles sont nombreuses. Nous subissons chaque année de plus en plus d’invasions de nuisibles, dus à l’augmentation des échanges mondiaux et au changement climatique. D’autres espèces de mouches des fruits et des légumes font des ravages dans le pays. Dernièrement, Nous avons connu une forte pullulation de l’aleurode Aleurodicus dispersus, endommageant les cultures de manioc et de bananes. Nous sommes également préoccupés par la cochenille Paraccocus marginatus, qui décime les papayers de l’ensemble du territoire.

Quelle sont vos démarches en ce sens ?

- Je m’oriente vers la recherche, car je pense que c’est dans ce domaine que je serai le plus utile, même si le travail de formation que j’ai réalisé dans le cadre du programme actuel m’a plu. Je  souhaite développer des recherches sur les méthodes de lutte biologique, accompagnées de techniques agroécologiques de gestion rationnelle des parcelles qui limitent l’utilisation des pesticides. Elles réduisent fortement l’impact de l’agriculture sur l’environnement.

Quel est selon vous le réel impact des activités que vous menez pour le pays et pour la région ?

- Je pense que l’agriculture est un secteur fondamental du développement des Etats. Aux Comores où les populations rurales sont majoritaires, le développement de l’agriculture permet d’améliorer leurs conditions de vie. Le programme de lutte contre la mouche des fruits Bactrocera Invadens va permettre de réduire les pertes économiques engendrées par cet insecte dans le pays. A un niveau régional, contenir son expansion permet de limiter les risques de propagation dans les autres pays de la zone. Nous avons tous intérêt à coopérer pour coordonner nos efforts et lutter ainsi efficacement contre les ravageurs, mais aussi contre les invasions biologiques en général.

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