Lézard
Actualités du portail

Les experts du CIRAD se penchent sur les problématiques agricoles à Anjouan

Rédigé par Anne-Gaëlle Borg et Brunilda Rafael Modifié le

Partager :
  • Giroflier et clou de girofle © Eric Penot

Brunilda Rafael est la coordinatrice de terrain chez  Dahari. Elle est chargée de coordonner les différentes actions agricoles de l’ONG. Aujourd’hui, elle nous parle du partenariat de Dahari avec le Centre de Coopération Internationale de Recherche Agronomique pour le Développement, CIRAD.


Le CIRAD

Le Cirad est un centre de recherche français qui répond, en partenariat avec les pays du Sud, aux enjeux internationaux de l’agriculture et du développement. Dans le cadre de sa programmation pluriannuelle pour la Réunion, il développe des  actions de partenariat à l’échelle régionale (pays membres de la Commission de l’Océan Indien) et internationale au travers de projets de coopération. Ces actions sont soutenues par l’Union européenne, l’Etat, le Conseil Régional et le Conseil Général. Dans le cadre du Programme Opérationnel de Coopération Territoriale 2007-2013 de La Réunion, en cofinancement par le Conseil Régional, le Conseil Général de La Réunion et par le fonds FEDER de l’Union Européenne, le CIRAD appuie techniquement et financièrement l’ONG.  Le partenariat Dahari-Cirad s’inscrit dans deux projets : ARChE_Net et le programme ATEDAD (Approche Territoriale pour le Développement d’une Agroforesterie Durable).  Il prend des formes diverses notamment des missions de conseils d’experts du Cirad Réunion ou de Madagascar et  des missions de formations de techniciens de Dahari à la Réunion. A ceux-là s’ajoutent l’appui technique ponctuel, et la participation à des réseaux d’échanges régionaux. 

Le programme ATEDAD

Les différentes missions du programme ATEDAD sont réparties selon six thématiques : l’agroécologie, l’intégration agriculture élevage, la multiplication des semences vivrières, la lutte contre les ravageurs et les maladies, l’approche communautaire des ressources naturelles et l’agroforesterie. Les experts viennent pour des missions d’une semaine, pendant lesquelles sont programmées des visites d’observation sur le terrain, des échanges avec les agriculteurs, et des sessions de formation de l’équipe de Dahari. Les missions vont se dérouler jusqu’en juin 2015, en attendant une 2ème phase du projet entre 2015 et 2020. En tant que coordinatrice de terrain, je dois veiller au bon déroulement de ces missions,  entre autres.

« Ces visites sont source d’apprentissage pour l’ONG »

Ces visites sont source d’apprentissages pour l’ONG. L’agroforesterie et l’approche système d’exploitation sont deux thématiques que l’ONG souhaitait depuis longtemps aborder. C’est pour cela que depuis le début de l’année 2014, les techniciens de l’ONG parcourent la zone d’intervention pour identifier les systèmes agro forestiers présents ainsi que les techniques utilisées pour les exploiter. 

La venue  de Pascal Danthu et Eric Penot en décembre 2014 sur le thème de l’agroforesterie a fait émerger un grand nombre de questions. Nous nous sommes demandé quelle était la place des activités agricoles encadrées par Dahari au sein des activités génératrices de revenus des agriculteurs accompagnés par l’ONG, particulièrement les cultures de rente et notamment le giroflier. 

Eric Penot et l'équipe de Dahari © Eric Penot
Eric Penot, avec l'aide de Dahari, étudie la place de la culture du giroflier au sein des exploitations

Les chercheurs et le staff de l’ONG ont partagé le même constat : nous avons besoin d’établir une typologie des exploitations agricoles pour mieux comprendre les stratégies et les choix des agriculteurs et orienter alors nos actions en fonction de ces résultats. Une nouvelle mission des chercheurs du CIRAD est prévue en 2015 pour aborder cette thématique.

« Une hausse de demande pour la mise en place des parcs à bœuf »

Une autre thématique du programme ATEDAD est l’intégration agriculture-élevage. Dahari pratique cette approche depuis 2012. Aujourd’hui, les actions de sensibilisation commencent à porter leurs fruits. Au fil du temps, nous avons remarqué une hausse de demandes pour la mise en place des parcs à bœuf améliorés. Je pense que les producteurs ont compris que l’agriculture et l’élevage sont complémentaires. Et c’est dans le souci d’améliorer cette approche que nous avons reçu Paulo Salgado, chercheur du CIRAD. Sa mission a permis d’identifier le potentiel de production de différentes espèces fourragères et de promouvoir des techniques de conservation du fourrage. Elle nous a aussi aidé à identifier des améliorations dans l’intégration agriculture-élevage notamment l’agrandissement et le dallage des parcs à bœufs, ainsi que la gestion du fumier et du compost. 

Parc à bœuf amélioré © Anne-Gaëlle Borg
Réconciliation entre pratiques d'élevage et activités agriculturales avec l'exemple de ce parc à bœuf amélioré

Plusieurs missions doivent encore voir le jour jusqu’en juin 2015. Pour certaines, il s’agira d’une continuation des travaux entamés en 2014, tandis que pour d’autres ce sera l’occasion d’aborder des thématiques nouvelles comme la lutte intégrée, l’agroécologie et la multiplication des semences. 

Le projet ARChE_Net

Dans le cadre du projet ARChE_Net coordonné par le CIRAD, Dahari contribue à la construction d’un réseau régional de compétences. Ce réseau propose des solutions aux différents problèmes de production que rencontrent les éleveurs de la région de l’Océan Indien. Le projet s’intéresse surtout aux problèmes qui sont liés aux conséquences du changement climatique. Il propose des adaptations dans l’élevage de bovins et de caprins.

Dans un premier temps, l’ONG participe de manière active au calibrage du SPIR (un spectromètre proche infra-rouge). Cet instrument permet, une fois qu'il est calibré, de caractériser la composition des ressources organiques dans les sols, les fourrages, les aliments, le fumier et le compost. Pour l’instant, notre participation consiste à analyser des échantillons avec le SPIR. Les échantillons seront également analysés en laboratoire à Madagascar, pour mettre les résultats en corrélation. Lors de la mission de Paulo Salgado, un technicien de l’ONG a été formé à l’échantillonnage et à l’utilisation du SPIR.

Paulo Salgado et Brunilda Rafael © Anne-Gaëlle Borg
Paulo Salgado et Brunilda Rafael travaillent de concert sur le calibrage d'un Spectromètre à Proche Infra Rouge

Les missions de renforcement des capacités de l’équipe Dahari

Dans le cadre de son programme de coopération territoriale, le CIRAD accompagne l’équipe de Dahari sur le renforcement de capacités. 

Siti Mohamed, chargée de suivi-évaluation de l’ONG, s’est récemment rendue à la Réunion où elle était encadrée par le chercheur Xavier Augusseau sur la conception et l’utilisation des systèmes de suivi-évaluation. La formation a duré deux semaines à la Réunion, mais va continuer tout au long de l’année 2015 avec la mise en place d’outils spécifiques à chaque nouvelle mission d’experts de la Réunion et de Madagascar. 

Lors de son passage à l’ONG, Xavier Augusseau a également mené une formation sur la construction et l’utilisation d’outils d’animation à partir de cartes satellitaires. Depuis sept ans, l’équipe de l’ONG avait accumulé un grand nombre de cartes. Ces outils d’animation ont été testés avec succès auprès des agriculteurs dans le cadre de réunions sur la gestion participative des ressources naturelles. 

La suite de la formation sur la gestion des ressources naturelles se déroulera en France, au CIRAD de Montpellier. C’est notre coordinateur stratégique, Misbahou Mohamed, qui y participera pour renforcer ses capacités sur la méthodologie et l’approche de gestion communautaire des ressources naturelles. 

Enfin, en mars dernier, c’est Badroudine Ali, le chargé de développement rural de Dahari, qui s'est rendu à la Réunion pour une formation sur l’élevage, échangeant avec des éleveurs sur les techniques de conservation du fourrage pratiquées localement, entre autres.

Une collaboration pour l’avenir

Nous sommes ravis d’avoir le soutien du CIRAD pour l’amélioration de nos interventions de développement rural. Les différentes missions et formations apportent des idées innovantes, des techniques et des compétences à l’ONG. Nous espérons que le partenariat portera ses fruits à court, moyens et à long termes.







Pour aller plus loin :

Liste complète des articles