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L’aleurode, les tomates et La Coccinelle - Une histoire de lutte biologique

Written by Alexandre Reteau Modified on the

  • Nesidiocoris volucer, auxiliaire des cultures et prédatrice d'aleurodes © J.C. Streito

Aleurodes sur tomates et thrips sur poivrons. Selon une enquête menée par « La Coccinelle » auprès d’une trentaine de producteurs affiliés à la coopérative Vivéa, ce sont là les préoccupations principales des agriculteurs réunionnais.

Cette action est en réalité la première phase d’un projet de plus grande ampleur réalisé dans le cadre d’un CASDAR[1] portant le doux acronyme d’ALISA (Agro-écologie et Lutte Intégrée Sous-Abris). Cette étude doit permettre de cerner les principales problématiques que rencontrent les producteurs réunionnais afin de pouvoir, dans un second temps, orienter les recherches des professionnels du secteur.

« Développer des méthodes alternatives à la lutte chimique »

« La première action a consisté à récolter et analyser les informations concernant les problèmes phytosanitaires rencontrés par les producteurs sur leurs exploitations. […] Les informations récoltées ont permis de cibler les cultures et les ravageurs sur lesquels il était important de développer des méthodes alternatives à la lutte chimique » précise Olivier Fontaine, chargé de mission pour la biofabrique réunionnaise « La Coccinelle » qui accompagne le projet.

Et de fait, c’est là que réside l’intérêt de cette entreprise : scientifiques et agriculteurs travaillent de concert à la recherche de méthodes alternatives à l’utilisation de pesticides. Au travers de cette coopération, La Coccinelle, qui s’est fait une spécialité dans l’élevage d’insectes auxiliaires pour la protection des cultures, entend faire valoir son expertise dans le domaine de la lutte biologique à la Réunion.

Économiquement parlant comme en termes de surfaces cultivées, c’est sans surprise la culture de tomate qui ressort comme étant largement prépondérante parmi les différentes cultures sous serres pratiquées à La Réunion. En moyenne, ce sont 68% des surfaces récoltées qui sont ainsi dédiées à la tomate, représentant 75% du chiffre d’affaire des agriculteurs interrogés.

Les aleurodes, priorité pour le milieu maraîcher 

Par conséquent lorsqu’il fut demandé aux serristes quelle leur semblait être la problématique principale concernant la production de tomates, leurs observations sur le terrain sont venues confirmer les analyses des scientifiques : ce sont les aleurodes qui furent désignées comme étant une priorité pour le milieu maraîcher comme pour la recherche agronomique. En effet, en plus des dégâts directs causés aux plantations, les aleurodes sont, de surcroit, vecteurs de virus tels que le TYLCV ou le ToCV ; virus dont les impacts sur les cultures peuvent s’avérer désastreux pour les rendements.


Dénombrement dans une serre d'expérimentation © La Coccinelle
Dans une des serres d'expérimentation, Sophie, stagiaire CASDAR pour La Coccinelle, est en plein dénombrement.

Les équipes de La Coccinelle, de l’Armeflhor et du Cirad, tous trois partenaires dans le cadre du CASDAR ALISA, ont d’ores et déjà commencé à procéder à des expérimentations en laboratoire et sous serre afin de tester l’efficacité d’une punaise, candidate prometteuse au statut d’auxiliaire des cultures. Dénommée Nesidiocoris volucer, en plus d’être prédatrice d’aleurodes cette punaise présente l’avantage non négligeable de ne pas être phytophage[2] sur tomate.

Nesidiocoris volucer un auxiliaire pour réguler les populations d'aleurodes

Le caractère non phytophage de Nesidiocoris volucer est une particularité qui fut mise en évidence lors de tests effectués en laboratoire par Lucie Marquereau, ingénieur au Cirad de Saint-Pierre, dans le cadre du projet Ciom APOTROP. Ce projet d’étude a permis de mener une étude exhaustive des caractéristiques biologiques, écologiques et trophiques de la punaise prédatrice d'aleurodes. Partagée par l'ensemble des partenaires du projet, l'ambition découlant de ces travaux est claire : intégrer durablement à l'intérieur des serres un prédateur naturel qui régulerait les populations d’aleurodes (en complément des deux parasitoïdes déjà produits par la Coccinelle) permettant par-là de diminuer significativement l’utilisation de pesticides.

Concernant la culture de poivrons, qui arrive à la seconde place en termes d’importance économique et de surfaces cultivées, l’absence d’auxiliaires potentiels à La Réunion pousse les équipes de La Coccinelle  et leurs partenaires à se tourner vers l’élaboration de méthodes innovantes de piégeage à l'encontre de leurs principaux ravageur : les thrips.

Prévus pour une durée initiale de quatre mois, les tests sur le terrain sont menés en étroite collaboration avec des producteurs qui, non seulement s’impliquent activement dans le projet, mais surtout s’avèrent être les principaux demandeurs de solutions alternatives à l’utilisation de pesticides ; moins délétères pour notre environnement et pour notre santé.







Pour aller plus loin :
Le site internet de La Coccinelle

[1] Le CASDAR (Compte d’Affectation Spéciale pour le Développement Agricole et Rural) est un outil de financement, par l’état français, de projets pour le développement agricole et rural.
[2] Un organisme phytophage est un être vivant qui se nourrit de végétaux (du grec ancien « phytón » et « fagos », signifiant respectivement « végétal » et « glouton », un phytophage est donc un « mangeur de végétaux »).

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