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Jacques Lemaitre, président de l'ACTA : "Il nous faut travailler en synergie !"

Written by David JOSSEROND Modified on the

  • Jacques Lemaitre, président de l'ACTA

Jacques Lemaitre, président de l’Association de Coordination Technique Agricole (ACTA), réseau français des instituts des filières animales et végétales, était récemment en visite au Pôle de Protection des Plantes (3P - Cirad, Réunion). Rencontre...

Quels sont les rôles et missions de l’ACTA ?

- En tant que tête de réseau des Instituts Techniques Agricoles, l’ACTA veille d’abord à renforcer et coordonner les approches transversales et les collaborations entre les membres de son réseau et les organismes de recherche,les organismes professionnels agricoles, les pouvoirs publics… L’ACTA regroupe ainsi 14 instituts issus de différentes filières, qu’elles soient animales, végétales ou spécialisées (céréales, bovins,porcs, aviculture, fruits et légumes, horticulture ornementale, vigne et vin,oléagineux, protéagineux, betterave, pomme de terre, lin, plantes aromatiques,médicinales et à parfum, tabac…). Toutes les productions de l’agriculture française y sont représentées.

Dans quel but favoriser les travaux transversaux inter-filières ?

- Avant tout pour gagner en visibilité et en efficacité. La concertation de l’ensemble des Instituts Techniques Agricoles autour de sujets transversaux est primordiale. Moi-même président de l’IFIP - Institut du porc, il m’est indispensable d’échanger et de collaborer avec, par exemple, des céréaliers dans le domaine de l’alimentation animale. Chaque filière a beaucoup à apprendre de la filière voisine. L’une des missions de l’ACTA est donc de favoriser les échanges entre les différentes filières du monde agricole, dont la principale préoccupation aujourd’hui est d’obtenir des réponses économiquement viables à des questions d’ordre environnemental ou liées à la sécurité sanitaire.

Qu’entendez-vous par « réponses économiquement viables » ?

- Une filière agricole doit d’abord être rentable pour vivre. On pourra toujours superposer des contraintes règlementaires à de nouvelles normes environnementales. Si au final la rentabilité est nulle, la filière s’éteint.Il nous faut donc penser de nouveaux modèles de développement agricoles spécifiques ou «  à la carte », à savoir adaptés à la fois aux productions et aux territoires. On le voit, chaque territoire a ses spécificités et ses particularités, comme la canne à sucre à la Réunion. Les réponses peuvent donc s’avérer multiples, même si une même exigence doit s’imposer : celle de la rentabilité du modèle proposé et de sa viabilité économique.

Comment d’après-vous parvenir à répondre à cette exigence ?

- En travaillant en synergie. La France a depuis des décennies mis en place un nombre conséquent d’outils, tant dans le domaine de la recherche fondamentale (Cirad, Anses, INRA…) et de la recherche appliquée (Instituts) que des réseaux de développement (Chambre d’agriculture…). Il n’est plus question aujourd’hui devoir ces différents étages de la production agricole travailler en parallèle. Il devient obligatoire de travailler en synergie. Les agriculteurs et producteurs demandent eux-mêmes à travailler davantage ensemble, à être mieux informés et plus souvent consultés. Bref, devenir les « acteurs »d’un nouveau système de production agricole.

A quoi ressemble ce nouveau système de production agricole ?

- Après une agriculture raisonnée, on parle désormais d’agriculture écologiquement intensive ou de développement agro-écologique. Quel que soit le nom dont on l’affuble, cette nouvelle forme d’agriculture semble être plébiscitée par les professionnels, tant en amont qu’en aval de la production. D’ailleurs, il est important de rappeler que les sorts de la production agricole et de la transformation agroalimentaire sont intimement liés. On ne peut imaginer aujourd’hui des filières agricoles et agroalimentaires qui ne seraient pas intégrées.

Quel sera demain le rôle de chacun des instituts techniques agricoles au sein de ce système de production ?

- Chaque institut technique membre du réseau a connu ces derniers mois une seconde vague de qualification par les pouvoirs publics, confirmant leur légitimité et pertinence scientifique et technique. Désormais, le réseau des Instituts Techniques Agricoles va pouvoir travailler sur son contrat d’objectifs 2014-2020, au sein duquel j’ai moi-même demandé à ce que figurent des thématiques communes à toutes les filières. Je pense en particulier à l’innovation dans des problématiques transverses comme la qualité de l’eau, l’usage d’antibiotiques ou encore l’énergie.

Vous souhaitez également voir la France occuper plus de place sur la scène européenne en matière de politique agricole ?

- Effectivement, l’ACTA souhaite qu’à travers son expertise, ses compétences, son savoir et savoir-faire reconnus, la France fasse valoir et reconnaître l’ensemble de ses travaux à l’échelon européen. Nous nous laissons, à l’heure actuelle, trop souvent dicter notre développement agricole. Il faut selon moi que la France prenne davantage part au débat.Sinon, nous ne remplirons pas notre mission, notamment vis-à-vis de nos agriculteurs.

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