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Des chercheurs unissent leurs forces contre les plantes invasives

Rédigé par Rémi-Kenzo Pages Modifié le

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  • De gauche à droite, Alan Tye de l’UICN, Nicolas Juillet de l’université de La Réunion et Mathieu Rouget du CIRAD. © Chloé Glad

En Mars, un grand pas dans la coopération pour la sauvegarde de la biodiversité des îles de l’océan Indien a été franchi. Alan Tye, le coordinateur du projet Inva’ziles est venu à La Réunion rencontrer les équipes du projet Epibio-OI. Ces programmes de recherche visent à la mise en œuvre des capacités régionales pour la protection de l’environnement dans la zone océan Indien.

Leur volonté commune? Combattre les espèces invasives. Pour cela il faut les lister et définir lesquelles sont prioritaires. Une étape essentielle pour mener une politique de lutte contre les plantes envahissantes et préserver la biodiversité. La tâche est colossale, autant être deux pour la mener à bien.

« Ce que réalise le projet Inva’ziles de l’UICN est très proche de ce que nous souhaitons mener dans l’une des composantes d’Epibio-OI, autant faire le lien entre les deux programmes et échanger nos données » explique Mathieu Rouget, chercheur et responsable de cette partie du projet au CIRAD. D’autant plus que l’UICN, ONG mondiale qui se consacre à la conservation de la nature, connaît bien la question. Inva’ziles ayant commencé en 2012 doit prendre fin en 2018. D’une certaine façon, le projet Epibio-OI avec Mathieu Rouget arrive en appui.

Des écosystèmes à protéger

Enthousiaste, Alan Tye espère que les travaux de l’UICN aideront ceux du CIRAD et de l’université de La Réunion à établir un diagnostic. « On observe des problèmes dans toutes les îles de la planète, en raison des menaces qui pèsent sur les espèces indigènes ». Il faut impérativement agir et collaborer.  « On a besoin de coordonner nos actions : si on peut fournir des informations, partager notre expérience, apporter notre aide, nous le ferons » précise le spécialiste en écologie tropicale.

Et il y a urgence : certaines espèces exotiques sont devenues de véritables dangers. Elles envahissent les territoires, introduites souvent volontairement. Elles empêchent la survie des plantes endémiques ou indigènes. Ces espèces végétales bouleversent tout l’écosystème et parfois peuvent conduire à l’extinction d’espèces. Un risque pour l’environnement mais aussi pour la sécurité alimentaire.

Un partenariat important avec un enjeu régional

L’objectif de cette rencontre est aussi d’établir un groupe d’expert autour de cette problématique. C’est l’intérêt de Wionis, un réseau que l’UICN a créé et dont font partie des chercheurs du CIRAD et de l’université de La Réunion. Selon Alan Tye, cela permet « de faciliter le contact entre les personnes et de réduire l’isolement de ceux qui travaillent sur les espèces envahissantes », dans l’intérêt de la biodiversité et de la nature.

Surtout, ces études doivent aboutir à des actions de prévention.  « Aux Comores par exemple notre collecte de données devrait permettre d’établir une stratégie nationale de gestion des espèces invasives et une institution nationale pour l’appliquer » espère-t-il.

Christophe Lavergne qui travaille au Conservatoire Botanique National de Mascarin (CBNM), et collabore au sein des deux projets, est à l’origine de la méthode de relevé botanique sur le terrain employée aux Comores par Inva’ziles.

Il souhaite aussi que son travail débouche sur une réglementation régionale. « Il faut réussir à homogénéiser et systématiser tout ce qui se fait de bien, comme exporter le système de biosécurité mis en place aux Seychelles, rajoute-t-il, c’est pourquoi il ne faut pas perdre de temps, porter les projets ensemble et ne pas faire doublon. ».

C’est aussi l’objectif d’Epibio-OI. « On veut contribuer à l’harmonisation des politiques et des cadres juridiques et institutionnels pour la gestion des plantes invasives à l’échelle régionale » précise Nicolas Juillet, ingénieur de recherche à l’université de La Réunion. Après avoir constitué la liste des plantes invasives, le chercheur doit élaborer un guide méthodologique régional pour des projets de gestion du risque d’invasion. Il prévoit aussi de rédiger avec les partenaires de la zone océan Indien une Charte de Bonne Conduite. Elle sera proposée à la signature des pays membres de la Commission de l’Océan Indien (COI). Dans cette perspective, le rapprochement entre Inva’ziles et Epibio-OI ne peut être qu’une bonne nouvelle. La campagne de lutte contre les plantes invasives dans les îles ne fait que commencer.

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