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Alerte ! Détection d’une nouvelle cochenille à La Réunion

Rédigé par Samuel Nibouche Shannti Dinnoo Modifié le

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L’analyse biomoléculaire réalisée par barcoding[1] dans le laboratoire du Pôle de protection des Plantes de Saint-Pierre a rendu son verdict : une  nouvelle cochenille a bien été identifiée à La Réunion. L’identification morphologique par l’Anses[2] a confirmé le diagnostic génétique : son nom scientifique est Dysmicoccus neobrevipes, aussi connue sous le nom de gray pineapple mealybug (cochenille grise de l’ananas). Pour le non-spécialiste, elle est morphologiquement très proche de l’espèce Dysmicoccus brevipes qui est très fréquente sur les cultures d’ananas à La Réunion.

Il s’agit de son premier signalement dans la zone biogéographique Afrotropicale (Afrique sub-saharienne, Madagascar et îles du sud-ouest de l’océan Indien). Elle a initialement été prélevée en janvier 2015 par Lucile Muller, alors Ingénieure de Recherche pour le Cirad dans le cadre du projet Ecophyto Orbico, dans un verger de manguiers situé à Pierrefonds, dans le Sud de l’île de La Réunion.

Cette espèce est d’origine néotropicale (Amérique latine). Elle s’est d’abord propagée dans le Pacifique et a été décrite à Hawaï en 1959, puis en Asie dans les années 1960. Elle est extrêmement polyphage et peut se nourrir sur près d’une quarantaine de plantes différentes, y compris des espèces d’importance économique telles que l’ananas, le bananier ou le goyavier. Elle peut d’ailleurs être vectrice du virus responsable du flétrissement de l’ananas (wilt).

À Hawaï, archipel américain aux caractéristiques écologiques très proches de celles de La Réunion, cette cochenille est contrôlée avec succès grâce à des programmes de lutte biologique. Pour le moment, sa propagation ne semble pas explosive à La Réunion, à l’inverse de ce qu’a été celle de Paracoccus marginatus il y a quelques années, mais elle demeure cependant à surveiller.

Cette détection d’un nouveau ravageur par la technique du barcoding est une première pour La Réunion. Elle confirme l’intérêt de la mise en œuvre de cet outil d’épidémio-surveillance depuis fin 2014 dans le cadre du projet ePRPV et sa poursuite dans le cadre du projet EpiBio-OI. Pour en savoir plus sur les méthodes de lutte biologique et de barcoding dans la zone océan Indien, vous pouvez lire cet article : Lutte biologique à la Grande Comore.

[1] Le barcoding est une technique de taxonomie permettant l’identification d'un organisme (insecte ou autre) à partir du séquençage d'un gène de son génome.

[2] Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail.

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