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Lutte contre les espèces invasives dans l’océan Indien : la mission du POLI

Rédigé par Clara Grondin Modifié le

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  • Quelques acteurs participant à la mise en oeuvre du POLI réunis à La Réunion - 2019 © Alexia DIEVART

Le POLI, c'est quoi ?

Le POLI, ou Plan Opérationnel de Lutte contre les espèces Invasives, a été créé en 2010 afin d’instaurer des mesures et actions concrètes pour protéger les milieux naturels de La Réunion contre les espèces invasives.

Le POLI est géré par un Comité de Pilotage (COPIL POLI) et est animé par la DEAL (Direction de l’Environnement,de l’Aménagement et Logement). Le POLI réunit les principaux acteurs locaux de la gestion des espèces invasives tels que le CIRAD, la DAAF, l’ONF, le Parc National de La Réunion, l’Université de La Réunion, parmi tant d’autres. Il existe également un comité de suivi, le Groupe Espèces Invasives de La Réunion (GEIR), qui se retrouve tous les ans et rassemble les acteurs institutionnels, associatifs et professionnels investis dans le programme.

Quelles sont ses missions ?

Le POLI a permis d’importantes avancées en matière de prévention, de détection précoce des espèces invasives et de lutte.

La prévention
  • L’évolution et l’homogénéisation de la réglementation concernant l’importation et l’exportation de plantes invasives : Les acteurs du POLI ont réfléchi au renforcement de l’organisation des contrôles (postes frontières, sur le territoire). Les services concernés (DAAF, Douanes, DEAL, OFB, BNOI) travaillent ensemble pour améliorer la réglementation concernant les plantes invasives. Plusieurs arrêtés ministériels ont été établis dont l’arrêté du 1erAvril 2019 qui interdit toutes activités portant sur des spécimens vivants (introduction et propagation d’Espèces Exotiques Envahissantes par exemple) et dresse une liste de 153 plantes interdites à La Réunion. https://www.especesinvasives.re/strategie-de-lutte/les-reglementations/article/les-reglementations-nationales-et
  • Le renforcement du partenariat des territoires de la Zone Océan Indien (ZOI) : La coopération entre partenaires s’est renforcée grâce aux projets Invaz’îles lancé par l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) et EPIBIO OI coordonné par le CIRAD et l’ Université de La Réunion (UMR-PVBMT) permettant les rencontres d’experts régionaux.
La détection précoce
  • La maîtrise des espèces avant qu’elles ne se propagent sur l’ensemble du territoire grâce à différents outils :

-         Une plateforme web a été créée en 2016 pour les gestionnaires. Il permet de répondre rapidement à la découverte de toute nouvelle espèce invasive sur un territoire donné (détection précoce).

-         Toute personne peut également signaler une espèce nouvelle, ou présente dans une nouvelle zone géographique. Pour faire un signalement d’espèce ? https://www.especesinvasives.re/especes-invasives/faire-un-signalement

-         Une application mobile a été lancée : PlantNet. Elle permet d’identifier une espèce végétale, y compris les espèces invasives, à partir d’une photo, de savoir son nom scientifique, sa famille, sa taxonomie etc. Un système de géolocalisation permet aussi de connaître la répartition de chaque espèce de plantes. Pour la télécharger ? https://play.google.com/store/apps/details?id=org.plantnet&hl=fr

La lutte
  • Une priorisation des espaces naturels sur lesquels maîtriser l’invasion biologique : Il s’agit ici de choisir les milieux naturels à protéger en priorité et de coordonner les actions de lutte.De nombreuses actions concrètes de lutte sur le territoire et un effort de partage des méthodes : En 2019, 318 chantiers de lutte ont été programmés sur 1600 hectares environ. On peut noter les chantiers de lutte mécanique contre l’herbe de la pampa ou les chantiers de lutte biologique avec l’utilisation d’un agent de lutte : par exemple, l’utilisation de la mouche bleue pour agir contre le Rubus.
  • Des progrès concernant la sensibilisation et la communication : La SREPEN (Société Réunionnaise pour L’Étude et la Protection de l’Environnement) s’est mobilisée afin de sensibiliser le grand public sur l’invasion biologique à travers de grands évènements locaux liées à l’agriculture tels que Miel Vert. Les plus jeunes n’ont pas été oubliés puisqu’un livret pédagogique destiné aux élèves de 3ème cycle a été créé et un court-métrage sur les espèces envahissantes a été réalisé et diffusé sur les réseaux sociaux : https://www.youtube.com/watch?v=OyJpUTsTmXM

La participation du CIRAD dans le POLI

Le CIRAD, à travers l’ UMR-PVBMT (Unité Mixte de Recherche – Peuplements Végétaux et Bioagresseurs en Milieu Tropical), compte parmi les acteurs principaux du POLI.

Le projet EPIBIO OI vise à promouvoir une dynamique d’épidémiosurveillance et de biocontrôle dans le Sud-Ouest de l’océan Indien. EPIBIO OI s’inscrit dans le POLI puisque son principal objectif est de protéger la biodiversité. Le biocontrôle des espèces invasives et nuisibles est donc priorisés. EPIBIO OI souhaite appuyer les agriculteurs à tendre vers des solutions biologiques plutôt que chimiques afin de protéger leurs cultures.

Ce projet a également pour objectif d’établir une coopération régionale en épidémiosurveillance végétale entre les territoires de la Commission Océan Indien : Union des Comores, Madagascar, Seychelles, Maurice, Rodrigues et La Réunion.

Dans ce cadre, plusieurs actions ont été menées. Une liste illustrant la répartition des Espèces Exotiques Envahissantes (EEE) dans les territoires du Sud-Ouest de l’océan Indien a été créée et est à télécharger ici. En 2018, un atelier a été organisé à Madagascar afin de former les responsables au contrôle des frontières à la réglementation sur l’importation des plantes et à la reconnaissance des plantes invasives.

L’avenir du POLI ?

La 3ème phase du Plan Opérationnel de Lutte contre les espèces Invasives a débuté en 2019 et va se poursuivre jusqu’en 2022. Elle met l’accent sur la prévention, la lutte et l’innovation. Elle comprend 52 actions, réparties auprès de 16 animateurs (CIRAD, l’Université de La Réunion, l’UNEP, la Région Réunion, le Département de La Réunion, le Conservatoire Botanique National de Mascarins, la SEOR etc.) dont 10 sont membres du COPIL POLI.

Pour cette 3ème phase, le POLI prévoit de mettre en place des chantiers de lutte participative sous forme d’excursions en forêts où toute personne sera encadrée et pourra aider à la lutte contre les espèces invasives. L’éradication des espèces interdites de flore déjà présentes et la formation d’agents d’intervention rapide au sein du personnel du Grand Port maritime comptent, de même, parmi les nombreuses actions au programme de cette phase 3.

Le POLI nous promet, par conséquent, encore de belles avancées en ce qui concerne la protection de notre biodiversité.

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