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Les abeilles métisses et indigènes de l’océan Indien

Rédigé par Rémi-Kenzo Pages Modifié le

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  • Apis mellifera unicolor

« Nos abeilles sont péi ». C’est avec ces mots qu’Hélène Delatte introduit l’explication de ses recherches. Passionnée par son travail, la scientifique dévoile cette information car il s’agit d’un scoop. C’est une donnée nouvelle, en rupture avec la pensée générale sur les lignées d’abeilles dans l’océan Indien, en particulier de l’Apis mellifera unicolor. Pour Hélène Delatte « il y avait probablement des populations d’abeilles présentes à La Réunion avant l’arrivée de l’homme ». Si elles sont indigènes, cela signifie qu’elles interagissent depuis longtemps avec la biodiversité locale. C’est un élément très important, d’autant plus que les archipels de la zone constituent l’un des cinq principaux hot spots mondiaux de biodiversité, c’est à dire des territoires où les niveaux d’endémismes sont parmi les plus élevés.

Un constat nouveau qui change la donne

Pour arriver à cette conclusion et estimer la diversité génétique de l’abeille dans nos îles, le Cirad a étudié les populations d’abeilles à partir de très importantes campagnes d’échantillonnage des colonies d’abeilles dans les principales îles. Encadrée par Hélène Delatte et Johanna Clémencet, Maeva Techer a réalisée sa thèse[1] au sein de l’UMR PVBMT pour caractériser ces populations. Il en ressort que les colonies d’abeilles de l’océan Indien se différencient des lignées africaines et européennes, à l’exception de celles de Rodrigues qui sont toutes d’origine européenne (et donc exotiques). Les deux autres îles de l’archipel des Mascareignes présentent les plus forts degrés de diversité génétique, ce qui aboutit à l’hypothèse que la colonisation y est ancienne et naturelle, bien qu’il y ait eu des ajouts et du métissage liés à des introductions plus récentes par l’Homme. Ce constat permet de reconsidérer nos abeilles comme une source de diversité génétique unique, essentielles pour préserver l’environnement dans nos îles. « Il va falloir en prendre soin » en déduit l’ex-doctorante, aujourd’hui en poste à Okinawa, une île du Pacifique.  

[1] Maéva Angélique Techer. « Diversité génétique et phylogéographie de l’abeille Apis mellifera dans les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien » thèse de doctorat en biologie des populations sous la direction de Bernard Reynaud, CIRAD, université de La Réunion, 2015, 333 p.

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